De l’ambiguité de suivre une influencer…
Le coup de foudre a eu lieu sur Instagram, au tout début du confinement de la Covid19. Cette belle plante dotée d’un corps de déesse a alimenté mon quotidien par ses stories aussi drôles qu’instructives, d’autant plus que la jolie femme a eu un parcours assez étonnant et ne se privait pas de dévoiler, tous les jours, un peu plus d’elle. Mariée à un bel italien, confinée avec lui et leurs enfants en bas âge, elle racontait sa journée de star tout en prenant bien soin de faire la promotion de sa marque de bijoux, un des nombreux métiers qu’elle pratique avec talent. Parce qu’elle en a du talent la dame ! Un talent de conteuse : à la voir décrire un bijou et le palper, ça vous donne illico l’envie de l’acheter, même si vous êtes aussi ruinée que votre pays, tout un art de la disette ! Son côté aguicheur ne laisse personne de marbre, même si elle frise l’exhibitionnisme. Toucher ses lèvres pulpeuses en parlant, poster des photos de ses fesses - parfaitement galbées du reste - en maillot string (de l’été dernier bien sûr, Covid oblige !), tout le paquet est mis pour planter le décor. Ces deux mois sont passés pour moi à l’heure italienne, savourant les stories qu’elle postait tous les jours frôlant le court-métrage. Quelques échanges ont eu lieu en message privé surtout à l’occasion de son anniversaire qu’elle avait commencé par annoncer quatre jours avant pour que personne n’oublie de la fêter, lorsqu’on a 13 000 followers, et qu’on ne follow que quelques happy few triés sur le volet, envoyer des messages de remerciements aux vœux est une sacrée tâche ! Et pourtant, elle l’a fait, avec de l’enthousiasme et des cœurs. Lorsqu’une fois je lui avais posé une question technique au sujet de l’une de ses créations, elle m’a répondu au quart de tour. Je me suis dit : cette femme-là, c’est un vrai coup de cœur, quelle simplicité et quelle bienveillance ! Elle fera l’objet de mon premier texte. Je lui ai envoyé un message en ce sens suivi par un mail qui comportait quelque cinq courtes questions, histoire de la dépeindre depuis ses (multiples) racines, en lui donnant le jour du deadline. Silence radio. Deux jours passent. Rien. Portant elle avait bien lu mes deux messages. Le troisième jour, avant de la « unfollow » (d’ailleurs elle ne m’avait pas rendu la pareille lorsque j’ai commencé à la suivre et à interagir avec elle), je lui envoyé un message très poli, mais en même temps bien corsé. Elle m’a répondu qu’avec le déconfinement, c’était de la folie, qu’elle avait mille factures à gérer et qu’elle faisait tout cela… toute seule ! Euh pardon ! Lorsqu’on passe la moitié de sa journée à s’exhiber sur Instagram, on n’a pas le temps de répondre aux questions d’une journaliste qui souhaite parler d’elle et de sa marque ?
(Photo : ©Benoît Debbané)
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