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BEYROUTH BY DAY: Hôtel-Dieu

31/03/2021|Tania Hadjithomas Mehanna

Les petites rues et les grandes artères qui se regroupent sous le nom de l’hôpital, érigé là en 1922, se suivent mais ne se ressemblent pas. Certaines filent à toute allure vers de grandes places importantes qui abritent le Musée et le Palais de justice, d’autres serpentent entre les immeubles résidentiels et ralentissent au passage des écoliers. Derrière les murs en pierre de chaux se cachent écoles et centres culturels, reposent des cimetières, fleurissent des jardins. Hôtel-Dieu est un quartier calme que viennent parfois troubler les sirènes des forces de sécurité intérieure, les allées et venues des étudiants, les ambulances de l’hôpital. 

 

Quand les Jésuites créèrent, en 1883, le premier centre destiné à enseigner les rudiments de la médecine, ils n’avaient pas pris en compte le désir d’apprendre qui agitait les jeunes Libanais de l’époque. Les locaux du centre devenus trop exigus pour accueillir toutes les demandes, le centre médical est transporté rue de Damas et devient la Faculté française de médecine. Très vite, l’importance de mettre à la disposition des étudiants de plus en plus nombreux un véritable hôpital avec des équipements modernes se fait sentir. Un grand terrain est alors acquis par les pères jésuites, les plans sont achevés et les matériaux réunis quand éclate la Première Guerre mondiale. Les pierres sont réquisitionnées sans état d’âme par les Ottomans qui s’empressent de les utiliser pour construire… un souk. Après la tourmente, la question ressurgit avec acuité et, finalement, le haut-commissaire français, le général Gouraud, pose la première pierre du futur Hôtel-Dieu de France, le 2 mai 1922. Mais c’est son successeur, le Général Weygand, qui l’inaugure le 27 mai 1923. L’hôpital est doté de 130 lits et d’appareils chirurgicaux modernes et ce sont les religieuses de Saint-Joseph de Lyon qui s’occupent des malades. Entre étudiants et malades, l’établissement ne désemplit pas et s’enrichit de nouveaux services et d’équipements de pointe. Durant la guerre civile et, malgré la destruction le 2 juillet 1978 de 20 chambres, l’hôpital ne fermera jamais ses portes et ne cessera jamais, avec le concours de la France, de se moderniser et de s’agrandir. 

Dans le quartier de l’Hôtel-Dieu et ses environs, unîlot français s’est harmonieusement trouvé une place. Outre les facultés de l’Université Saint-Joseph qui délivrent des diplômes reconnus par la France, les services culturels, administratifs, économiques et archéologiques français s’abritent, rue de Damas, dans un espace préservé, composé de petits bâtiments dont certains ont plus de 100 ans. Le consulat et l’ambassade vinrent plus tard officialiser l’espace. L’école de la Mission laïque française, ou lycée français, créée en 1909 dans la maison Bustros est transférée en 1922 dans le quartier de l’Hôtel-Dieu avant de s’installer, en 1960, dans les locaux qu’elle occupe actuellement. En face du lycée, le stade, qui porte le nom d’Armand de Blanquet du Chayla, ambassadeur de la France au Liban de 1946 à 1952, offre une piscine de 25 mètres couverte et chauffée, une piste d’athlétisme, des aires de hand-ball, de basket-ball et des salles de sport. Il recèle dans ses murs un tas de souvenirs et les Beyrouthins évoquent avec plaisir les après-midi passées à transpirer dans « leur stade de Chayla ». 

 

Blanche, longiligne et toute en élégance, la résidence des Corm ne passe pas inaperçue. Construite en 1928 par Charles Corm, l’auteur de La montagne inspirée, pour abriter les bureaux des voitures Ford dont il était l’agent, c’était jusqu’aux années 60 l’immeuble le plus haut de Beyrouth. Sur les photos qui ornent le bureau de son fils David, architecte, la tour s’élève, impressionnante, dans un décor champêtre. « Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, mon père, qui venait de fonder une famille, décida de réaménager cette tour en espace d’habitation. Au premier étage, les réceptions et la salle de musique, une bibliothèque contenant 40 000 titres et un bureau. Au deuxième étage, quatre appartements pour nous et, tout en haut, une salle de cinéma. Dans les années 60, nous avons offert à la Municipalité un terrain attenant pour y installer une fête foraine. Détruite trois fois durant la guerre et occupée par tout le monde, la tour a quand même tenu le coup. Aujourd’hui, nous avons ravalé la façade et j’attends depuis un an et demi le permis de réhabiliter l’intérieur que nous allons refaire à l’identique. » Dans le jardin magnifique qui jouxte la propriété et dans lequel l’eau de Ras el Nabeh coulait, deux bustes trônent à l’ombre des arbres. Celui de Gibran Khalil Gibran « à qui la ville de Beyrouth n’a pas assez rendu hommage », déplore David Corm et celui du Patriarche Hoayek, deux œuvres du sculpteur Youssef Hoayek qui avait installé là son atelier. Sans oublier un authentique taxi londonien qui faisait le régal des habitants de Beyrouth quand il déambulait dans les rues. 

 

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