Nous la célébrerons dans le confinement, avec quelques papiers de journalistes zélés, fatigués de rabâcher du Covid à longueur d’ondes et de lignes. Les élèves ne plancheront pas sur ton thème si théorique pour des enfants ignorant si la tomate est plantée ou si elle pousse dans les arbres. Cette année, il n’y aura pas de manifestants enflammés qui scandent des slogans que personne n’écoute, en arborant des pancartes à l’effigie de ta bouille toute ronde. Cette année, les organismes qui s’occupent de toi resteront chez eux, derrière leurs écrans, à s’envoyer des messages lyriques et tout aussi inutiles.
Cette année pourtant, ce sont huit milliards d’individus qui vont penser à toi. Ces même huit milliards qui depuis des décades te saccagent placidement. Sans états d’âme, hypocritement, vertement, par ignorance, par soif de pouvoir, pour des plaisirs passagers, pour de l’argent et encore de l’argent… qu’importe… Tout ce que tu recèles de vert, de bleu, de doré, sous terre, dans les airs ou dans les mers, tout ce que tu portes de vivant, de coloré, d’insolite, d’extraordinaire, d’unique, d’irremplaçable nous a beaucoup distraits pendant longtemps. Nous en avons profité outrageusement, voracement pensant être les maîtres du monde, de l’univers, de ce qui est visible et invisible, imaginé ou convoité. Nous t’avons saignée jusque dans tes entrailles, exterminant tout ce qui pouvait entraver notre soif de puissance, de richesse, de concupiscence… L’infini était à notre portée puisque nous avons infiniment abusé de toi, pensant pouvoir en disposer comme si nous étions tes propriétaires… Oublieux que nous n’étions que des locataires chez toi, de passage, issus de toi et vers qui nous retournerons, en cendres.
Puis par hasard, par miracle, par essoufflement, par rapacité, par erreur, par insouciance… qu’importe… Covid 19 est arrivé, renvoyant dos à dos tout le monde. Absolument tout le monde. Sans exception. Et il nous a donné une leçon magistrale : « Rentrez tous chez vous et restez terrés comme des cafards que vous êtes. Vous en rêverez de la Terre et de ses espaces. De ses beautés et de ses délices. Vous serez confinés jusqu’à en perdre la tête et peut-être alors qu’enfin vous comprendrez la mesure de vos crimes. »
Cette année, le 22 avril c’est encore la fête de la Terre, mais cette fois-ci tu es heureuse. Tu respires. Tu vois la couleur du ciel. Tu entends à nouveau tes oiseaux et même que tu libères quelques animaux qui osent montrer leur bout du nez.
Et ce qui est formidable, c’est que malgré tout, cette année, magnanime et généreuse, tu prends le risque de nous tendre encore une fois les bras pour écouter tes murmures. Saurions-nous enfin être à la hauteur de ta magnificence, notre si précieuse Planète bleue ?
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