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Artists with Beirut

22/09/2020

Sabine El Gemayel d’Herbecourt fait partie d’une famille philanthrope. Ses grands-parents paternels ont fondé le premier village d’enfants SOS à Bhersaf, dans le Metn. Ses parents Louis et Françoise Gemayel ont quant à eux, fondé la maison de convalescence ‘Longue Vie’, association laïque privée sans but lucratif toujours à Bhersaf. Son grand-père maternel, Professeur Paul Ponthus, fut le fondateur du département d’oncologie de l’hôpital Hotel Dieu de France à Achrafieh. 

 

Lorsqu’elle n’est pas sur un plateau de tournage, en écriture ou dans une salle de montage, la cinéaste Franco-Libanaise se porte volontaire dans des associations caritatives pour lever des fonds. Depuis plus de dix ans, elle a aidé à récolter plus de $650,000.  Son but est d’apporter son expérience de cinéaste et de collecte de fonds pour aider des associations caritatives qui soutiennent les causes qui lui sont chères. 

 

En collaboration avec Mira Hawa, Sabine El Gemayel d’Herbecourt, organise la vente aux enchères en ligne Artists for Beirut du 25 septembre au 2 octobre sur la plateforme ArtScoops dans le but de participer au Beirut Emergency Fund 2020.

 

Rencontre avec Sabine El Gemayel d’Herbecourt

 

Pourquoi avez-vous été si touchée par l'explosion du 4 aout et quelle est votre relation avec le Liban ?

Je ne sais pas qui n’a pas été touché par l’ampleur et l’horreur de cette tragédie retransmise en boucle sur toutes les chaines de nouvelles à travers le monde et les réseaux sociaux. Tout le monde a frémi d’horreur, libanais ou non. J’ai tout d’abord cru à un souffle nucléaire. C’était aussi deux jours avant la commémoration de la bombe nucléaire d’Hiroshima du 6 Août 1945. Une partie de ma famille réside encore au Liban. Nous avons été extrêmement chanceux que les blessures aient été minimes et les dégâts que matériel. Mais ça n’a pas été le cas pour tant d’amis et de connaissances. C’est bouleversant et enrageant en même temps. 

 

Comme beaucoup de libanais vivant à l’étranger, j’ai la culpabilité de l’expatrié qui est très attaché au Liban tout en ne pouvant plus y vivre mais ne pouvant pas s’en détacher non plus. Il y a des odeurs, des saveurs, des paysages ou des sons qui font partis de notre ADN et le mien est Irano-Libanais car je suis née en Iran et j’ai grandi en Iran et au Liban. C’est autant l’odeur du souffre que le gout du zaa’tar ou le sursaut à la suite d’un mur du son ou d’une explosion. De mère française, j’ai plutôt la mentalité de l’Ouest avec un besoin de transparence et une franchise qui m’est parfois reprochée. Ça m’ennuie de faire des salamalek. 

 

Pourquoi avez-vous initié Artist With Beirut et qu'espérez-vous accomplir ?

J’ai initié Artists with Beirut parce que je voulais créer une solidarité internationale comme la chanson We Are The World à travers les arts visuels. Les artistes ont le pouvoir des mots et des images et leur visibilité dans les médias peuvent créer des mouvements de solidarité pour un monde meilleur.

 

Quelle a été la réaction de la communauté des artistes aux États-Unis et dans le monde pour soutenir

Dans les dix jours qui ont suivi l’explosion, les réactions de la communauté des artistes aux Etats-Unis et dans le monde ont été d’une solidarité très touchante. Au début, je ne voulais pas demander aux artistes libanais de contribuer estimant qu’ils ont tout autant besoin de soutien que le peuple libanais. Beaucoup ont perdu des œuvres dans leur studio ou dans les galeries qui les représentaient. Mais ayant entendu parler de notre initiative, certains sont venus vers nous et puis, avec Mira Hawa, nous avons continué à en solliciter d’autres. 

 

Je ne vous cache pas que le Liban étant un petit pays bien loin des Etats-Unis, le climat politique, la pandémie de COVID, la crise du logement et les feux de Californie ont repris le dessus une fois le choc international passé. Un artiste américain a été offensé par ma demande me disant qu’il serait bien que les mouvements de solidarité comme le nôtre demandent aux collectionneurs de donner une de leurs œuvres plutôt que de demander aux artistes de soutenir les causes sociales. L’artiste n’a pas tort sauf que ce sont les artistes qui ont le pouvoir de rallier des foules.

 

Comment pensez-vous que l'industrie créative de Beyrouth peut se reconstruire après cette catastrophe ?

Elle se reconstruira. La route sera longue et sinueuse, mais elle se reconstruira. Après chaque guerre, le Liban s’est relevé. Il y a un manque évident de ressources et d’infrastructures mais la création sera plus forte car les artistes continueront à créer sans relâche avec leurs joies, leurs peines, et leur hargne contre le gouvernement en place.Il y en a qui marchent dans la rue pour protester, d’autres prennent la plume ou le pinceau. Le pouvoir de l’art est indéniable. Et l’industrie créative de Beyrouth est à l’échelle internationale. Les artistes libanais exposent dans le monde entier et je sais qu’il y a déjà des initiatives d’hommages aux artistes libanais et des expositions en perspective. Mais suite à la pandémie du COVID, je pense que l’industrie créative va devoir se réinventer à l’échelle mondiale pour trouver des moyens d’exposer les artistes par des expositions en plein air, des pop-up ou des expositions virtuelles. 

 

Plus globalement, quel regard portez-vous sur le centenaire du Liban et considérez-vous que le Liban peut devenir une véritable nation ?

C’est une question piège !Que dire !?

Sur un autre volet, je préfère souligner qu’il est très important que le Liban développe un soutien aux artistes et cinéastes. Aujourd’hui, les artistes libanais doivent s’exporter pour avoir de la visibilité et vivre de leur art. Ils obtiennent plus de bourses ou de résidence d’artistes à l’étranger qu’au Liban. Le pouvoir de l’art est indéniable et essentiel pour dénoncer des vérités et montrer la réalité sous un autre prisme, selon de la réflexion et responsabilité sociale. Le Liban doit élargir ses horizons et ne pas censurer les arts.

 

Pour en savoir plus, cliquez ici

A savoir

Vente aux enchères 

Du 25 septembre au 2 octobre 2020 à 18h sur la plateforme Artscoops

Exposition publique du 22 au 24 septembre

 

 

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