Al Aadiloun au Monnot : Qui rendra justice au peuple libanais
30/05/2022|Nelly Helou
Représentée pour la première fois à Paris au théâtre Hebertot le 15 décembre 1949, la pièce en cinq actes se base sur des faits réels : en février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes appartenant au parti socialiste révolutionnaire organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc oncle du tsar. Les circonstances particulières qui ont précédé et suivi cet attentat font le sujet Des Justes. Camus y soulève plusieurs réflexions sur le terrorisme, le sacrifice, la justice, le despotisme, le nihilisme, la peine de mort….
Metteure en scène mais aussi comédienne, danseuse chorégraphe, Caroline Hatem a plus d’une corde à son arc. Pour l’adaptation Des Justes de Camus elle a situé la scène dans un contexte actuel au Liban où les membres d’une cellule révolutionnaire, quatre jeunes gens et une jeune femme, sont confinés dans une chambre avec pour seule ouverture vers l’extérieur une fenêtre qui leur permet d’observer les va et vient dans la rue en vue de planifier leur attentat contre un personnage corrompu et crapuleux. « Evidemment, confie Caroline Hatem, en traduisant le texte de Camus en langage libanais il m’a fallu élaguer plusieurs passages sinon cela aurait été trop long, mais l’essentiel y est »
Et si on se donne la peine de lire les Justes de Camus on constate que oui l’essentiel y est dans cette adaptation libanaise non seulement au niveau de l’acte de justice en soi mais surtout de l’ensemble des questionnements que cela soulève. Des états d’âmes qui s’expriment depuis le doute de l’un à la détermination jusqu’auboutiste de l’autre qui considère que son acte doit aboutir à sa propre condamnation à mort et à la potence seule manière pour lui d’aboutir à la vraie libération. Un autre s’interroge sur le pourquoi du sacrifice pour les autres, et si cela portera ses fruits, alors que le chef de la cellule fait preuve de placidité et de compréhension. Quant au monologue de Sara la seule jeune femme du groupe, sur la place de l’amour dans la vie des révolutionnaires, il est excellent.
Pour réaliser la pièce la metteure en scène a choisi un groupe de jeunes acteurs bien formés au théâtre, qui interprètent leurs rôles respectifs avec beaucoup de naturel, et de conviction sauf qu’on souhaiterait par moments un effort au niveau de l’élocution et parfois de la voix. Et peut-être une petite explication sur la visite de l’épouse au meurtrier de son mari dans sa cellule où il est condamné à mort.
Al Aadiloun nous interpelle tous en tant que Libanais, un peuple pris dans cet engrenage infernal de corruption de déni de nos droits élémentaires et d’une vie digne. Mais qui nous rendra justice ?
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