‘À tous ceux qui ont perdu leur Poésie’ * de Tiffany Saadé, l’époustouflant talent d’une jeune poète
10/05/2019|Bélinda Ibrahim
À quel âge avez-vous commencé à écrire de la poésie ?
J’ai rencontré la poésie à l’âge de 13 ans, et plus précisément en classe de 4e. Depuis, elle berce mes nuits et anime mes journées.
Où puisez-vous votre inspiration ?
À mon avis, l’inspiration n’est pas une flaque, une rivière ou même une mer. C’est la multitude des gouttelettes d’eau qui proviennent de tous les climats, de tous les recoins du monde, qui forment cette étendue.
Je m’inspire de la mutation des saisons, de ce moment où le soleil fond sur les toits et la neige brule sur les sentiers. Je m’inspire du son de l’horloge qui rythme les tempéraments de l’air. Je m’inspire du mouvement de la foule, ce brouhaha qui étouffe les rues. Je m’inspire des sciences que je dissèque poétiquement. Plus encore, je m’inspire de la tendresse de ma mère, de la sagesse de mon père, et de l’allégresse de mon frère. Je m’inspire de l’étoile qui tourne autour de notre planète, de la terre plate, de tous les théorèmes qui ont vu le jour. Je m’inspire de tout ce qui chante, tout ce qui gronde, tout ce qui pleure, tout ce qui observe. Tout ce qui expire et inspire. De la misère du monde.
Quel est votre rapport aux mots ?
Le mot et moi sommes des partenaires de danse. On avance en cadence sur la fine route des phrases. Chaque séance est une innovation à la fois scientifique et littéraire. Les mots et moi, c’est une histoire qui dépasse l’alphabet.
Quels sont les rêves qui vous animent ?
Depuis mon enfance, je cache un rêve totalement « engagé ». Étant une jeune fille qui vit dans le centre des tensions et des injustices, j’ai toujours eu cette ferveur. Ce feu qui brûlait en moi, cette alarme qui sonnait, non pas chaque matin, mais à chaque fois que l’injustice surgissait.
Je rêve d’agir dans un monde passif, qui se fait dévorer par les calomnies et les bombardements. Je rêve de dessiner le sourire sur les visages de ceux qui l’ont perdu à cause de la famine et de la guerre.
Je rêve de rappeler l’importance de l’éducation à tous ceux qui l’ont manquée. Je rêve de l’égalité. Je rêve d’entreprendre des études de Droit International pour tenter de réaliser mon rêve ambitieux.
Vous avez plus d’une corde à votre arc. Parlez-nous de votre passion pour la chanson ?
La chanson a toujours été l’un de mes passe-temps favoris. En fait, cette passion me rappelle la poésie. Je suis comme Orphée avec sa lyre, je chante dans toutes les circonstances. Depuis que j’ai découvert le chant, je me munis d’une arme musicale qui combat toutes sortes de noirceur.
Pourquoi avoir choisi de céder vos droits d’auteur au profit des bourses scolaires de votre école ?
Tous les bénéfices récoltés par cet ouvrage sont dédiés à alimenter les fonds des bourses scolaires à l’IC. Pour moi, l’éducation a toujours été un trésor qui enrichit, non seulement nos esprits, mais aussi notre perception du monde. L’éducation n’est pas un gain, un avantage, mais une nécessité dont tout enfant doit bénéficier, surtout à l’IC.
Après avoir vécu 14 ans dans cette institution, je ne peux que remercier tous les enseignants, les responsables et les pédagogues pour avoir ajouté, chacun, une pierre précieuse à mon coffre-fort.
Cette école m’a appris à surmonter les difficultés tout en gardant mon sang-froid, à manipuler la chimie et les maths, à écrire des dissertations… elle m’a appris à devenir une citoyenne digne de respect, et chacun doit avoir l’opportunité de vivre cette expérience.
Questionnaire chrono à Tiffany Saadé Quel est votre livre de chevet ? |
* Édité par Noir Blanc Et Caetera
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