Il me traque.
Soudain, je n’étais plus seule avec mon courriel. Quelqu’un m’observait. À mon insu. Et systématiquement. Vous direz que je n’y comprends rien aux algorithmes qui repèrent les mots pour envoyer des messages qui leur correspondent… Peut-être, mais je suis traquée.
Déjà quand je fais une recherche sur un hôtel, un meuble ou des chaussettes, j’ai des annonces qui tombent systématiquement dans ma boîte aux lettres, sans que je puisse rien y faire. Et quand monsieur Facebook me suggère des activités littéraires et artistiques dans ma région, de quoi me faire sentir que je suis une nulle à les ignorer, cela m’agace. Idem au cas où, par malheur, j’écris un message à propos d’un atelier d’écriture et que déferlent tout ce qui peut concerner de près ou de loin les ateliers d’écriture…
Je vous dis : je suis traquée… Vous aussi j’imagine.
Mais depuis que mon Gmail s’est mis à répondre à ma place… Là, la marmite a chauffé.
Au début, je n’y ai pas prêté attention, mais quand suite à une invitation à un colloque, il me suggère de répondre : ‘‘ Merci pour l’invitation’’ ou ‘‘Bien reçu’’ ou encore en langage plus soutenu (s’il-vous-plaît) ‘‘Je vous remercie pour l’invitation’’, disons que j’étais étonnée. Suite à un courriel reçu parce que j’étais sur une liste d’envoi, il me propose : ‘‘Merci de me retirer de votre liste d’envoi’’. J’en étais ébahie. Mais quand après la demande des coordonnées d’un auteur que je voulais interviewer et la réponse de mon correspondant : ‘‘Il ne vient plus au Salon’’, mon Gmail me suggère : ‘‘C’est dommage’’, là, franchement, je suis restée complètement sidérée. Comme quand on me demande quelque chose et qu’il réponde pour moi : ‘‘entendu, d’accord, bien reçu’’, ou qu’il confirme ma présence : ‘‘j’y serai’’ à une invitation pour assister à une assemblée ou qu’il rétorque poliment : ‘‘Plaisir partagé’’ quand quelqu’un termine son message par : ‘‘à bientôt, aux retrouvailles’’.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi cette assistance continue me trouble. Je sais que c’est une question d’algorithmes excessivement puissants. Je le sais. Mais cela m'irrite. Le formatage qu’impose ces machines entrave ma liberté d’être, d’écrire et finalement de vivre tout simplement. Je veux bien réduire au maximum les réseaux sociaux, les recherches sur Google, toute sorte d'interaction avec internet, mais il m’est difficile de me couper aussi de ma boîte à messages…
Avez-vous une suggestion pour moi ?
Si vous voulez en savoir plus sur cette chronique, notre collègue Gisèle Kayata Eid sera au Salon du livre de Beyrouth (au stand de la librairie Le Point), le jeudi 8 novembre 2018, pour signer son livre ‘Consommation Inc.’, avant et après un débat, à 19h00, intitulé : ‘Consommer ou SE consommer’.
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