La 14ème édition du Festival International du Film Oriental de Genève (FIFOG) aura lieu du 29 avril au 5 mai 2019, à Genève et ses communes. Placée sous le signe de ‘l’éloge de la différence’, cette édition va montrer une centaine de films, tous genres confondus, accompagnée par des auteurs ou des spécialistes. Tahar Ben Jelloun préside la 14ème édition de FIFOG. L’Agenda Culturel s’est entretenu avec Tahar Houchi, fondateur et directeur artistique du Fifog.
Cette 14e édition est placée sous le signe de ‘l’éloge de la différence’. Dites-nous-en plus.
Traditionnellement le FIFOG choisit un thème d’actualité ou indispensable à la compréhension de ce qui se passe dans le monde pour l’aborder artistiquement et cinématographiquement. Il s’agit de privilégier un regard serein, posé, réfléchi à même de jeter la lumière sur des problématiques obscures. Les thèmes choisis répondent aussi à la volonté de rapprocher les gens, les cultures et les religions que les visions idéologiques séparent et divisent.
Tahar Ben Jelloun est le président d’honneur de cette édition tout comme de la 9ème édition. Pourquoi ce choix ?
Pour porter haut cet idéal, nous avons approché Tahar Ben Jelloun, écrivain de renom, qui a bien voulu mettre sa célébrité, son intelligence et son art à notre service. Au-delà de sa célébrité, c’est un homme de lettres qui a œuvré au rapprochement de l’Orient et de l’Occident ; un esprit qui a nourri les millions de lecteurs de par le monde avec sa poésie et sa prose. C’est aussi un esprit qui peut servir de guide et de référence aux jeunes issus de l’immigration qui ne cessent de revendiquer leurs différences. A ces derniers, il trace une voie de revendication efficace, sûre, et civilisées.
Quelle est la thématique phare de cette édition ?
Après avoir travaillé sur l’Amour et le Vivre ensemble durant les années précédentes, à l’heure des enfermements identitaires et des incompréhensions que les hérauts belliqueux amplifient, il est dans l’ordre des choses que le FIFOG vienne promouvoir les regards qui projettent la lumière. Quoi de plus normal que de vouloir faire l’éloge de la différence et de la singularité comme étant des qualités intrinsèques à toute personne et société et les présenter comme des élans naturels allant vers le sens de la paix et de la richesse. Plusieurs cinéastes le disent chacun à sa manière, le mérite de notre festival est de rassembler ces voix pour en faire une chorale cinématographique qui va vibrer pendant une semaine à Genève et ses communes.
Qu’en est-il des compétitions de cette édition ?
Nous avons gardé nos compétitions. Officielle, critique, documentaires et courts-métrages. La première pour donner du prestige au festival et créer une réelle concurrence constructive. Le deuxième, pour mettre en valeur la profondeur du travail artistique, le documentaire pour mettre en exergue la pertinence de l’analyse et la compréhension des sociétés. Nous avons aussi mis en place des jurys scolaires. Ces derniers ont un triple objectifs : toucher le jeune public ; lui permettre d’avoir des clés d’analyse filmique et enfin lui donner les chances de comprendre l’Orient en dehors de l’actualité sensationnelle relayée par les médias.
Depuis sa création, est ce que le public de FIFOG a changé et pourquoi ?
Le public de FIFOG a évolué à la faveur de la stratégie globale du festival et aussi de l’actualité. Depuis des années le FIFOG cherche à toucher un large public. Il a investi les cafés, les musées, les écoles, les parcs, les Nations-Unies et les salles de cinémas. La consommation du film a évolué. Avec l’arrivée des home-cinémas et de Netflix, il faut apporter une valeur ajoutée afin que le public puisse vous suivre. Nous avons opté pour la proximité tout en privilégiant les réalisateurs-auteurs au détriment des stars. La réflexion au lieu du show. Notre festival fonctionne avec un public dynamique, agissant et conscient. Le FIFOG est passé d’un public presque exclusivement suisse, libanais et iranien, à un public hétéroclite. Contrairement aux libanais et iraniens qui sont des adeptes de la culture et qui soutiennent forts leurs artistes, les publics des autres pays d’Orient affichent une certaine indifférence. Certains, comme les Tunisiens et Egyptiens durant le règne des régimes autoritaires, par peur au vu du vent de liberté que souffle le FIFOG. Mais depuis le printemps arabe, ces publics ont rejoint massivement le festival. A noter que depuis l’arrivée de Al-Sissi en Egypte, on note un léger retrait du public Egyptien.
Quels sont les moments les plus forts des 13 éditions précédentes.
C’est d’abord incontestablement, celle des moments avant les projections lors de la première édition quand le trac, la peur et la joie se mélangeaient en nous pour nous faire vibrer. Aussi une grande émotion se manifeste lors des instants où on devait prendre la parole devant un public attentionné et des célébrités qui ont été président d’honneur comme Adonis, Tahar Ben Jelloun, Edmond Charles-Roux, Ahlam Moustaghanmi et autres. Suivent toutes les joies et fortes émotions que les réalisateurs, comédiens, journalistes, techniciens et artistes nous ont données lors de nos échanges ou leur passage à Genève. Que tout ce beau monde trouve ici l’espace de l’expression de notre gratitude et remerciements.
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