De grands écrivains ont parlé de la peinture de Roy Sfeir. Salah Steitié, Pierre Assouline, Olivier Delahaye, entre autres, ont admiré son œuvre la qualifiant de ‘limpide’ et disant de l’artiste qu’il est ‘’parmi les plus inventifs des peintres contemporains ». A quelques jours de sa toute première exposition au Liban, Roy Sfeir raconte son parcours à l’Agenda Culturel.
Comment êtes-vous ‘tombé’ dans la peinture ?
Très jeune et par deux biais. Tout d’abord mon père avait une librairie dont le rayon d’ouvrages sur l’art était très fourni. Enfant, je passais donc de longues heures le nez dans ces livres et cela m’a beaucoup appris. Ensuite, mes parents connaissaient bien un certain nombre de peintres du Beyrouth des années 1960, comme Paul Guiragossian ou Elie Kanaan et, très jeune, j’ai pu admirer leurs tableaux à la maison ce qui m’a donné la curiosité de regarder les œuvres d’art en général, d’être dans une démarche de recherche esthétique permanente.
Avez-vous envisagé d’en faire un métier ?
Non pas vraiment, mais très rapidement et sans l’avoir consciemment décidé, j’ai commencé à peindre et à dessiner. J’ai appris en autodidacte et beaucoup plus tard, en France j’ai fait un DEA d’art plastique, ce qui a constitué une formation plutôt théorique que pratique.
A quel moment vous avez commencé à trouver votre style ?
Au début je peignais beaucoup ma ville natale de Beyrouth. Notre appartement donnait sur le port avec une vue magnifique. Donc je représentais ce que j’avais sous les yeux. Puis j’ai commencé à peindre les rues et les passants de Beyrouth. Ma peinture était alors figurative, stylisée, spontanée à la gestuelle rapide. Petit à petit je suis venu vers l’abstraction.
Etait-ce une évolution naturelle ou bien avez-vous délibérément décidé un jour de changer ?
C’est venu naturellement et progressivement, mais il est vrai qu’il y a quand même eu un facteur déclenchant, c’est en me rendant compte qu’en retournant une toile de 45 degrés, elle devenait abstraite !
Comment définiriez-vous votre peinture ?
Très bonne question et difficile d’y répondre ! Chaque fois que je commence une toile c’est comme une nouvelle aventure. Je suis très attaché à la couleur. Devant une toile blanche tout est possible et j’espère à chaque fois explorer de nouveaux chemins, mais au final je reviens à la même chose. C’est toute l’ambiguïté de l’art, qui doit évoluer tout en gardant une continuité. Finalement l’artiste revient à ce qu’il sait ou aime faire. Ainsi, je comprends très bien les peintres qui sont dans la répétition. Ce n’est pas une solution de facilité mais une volonté d’amélioration constante, sans pour autant jamais arriver à l’image idéale.
Quand vous êtes devant la toile blanche avez-vous une idée précise de ce que vous voulez ?
Parfois oui, parfois non. Je peins assez vite, une toile me demande quelques heures de travail, guère plus. C’est en fait tout ce que j’ai accumulé en moi pendant des jours ou parfois des semaines, que je jette sur la toile, rapidement et parfois violemment. Il m’arrive aussi de brutaliser la toile, de la tourner et la retourner dans tous les sens.
Quelle est votre principale source d’inspiration ?
C’est très clairement l’inconscient qui en est le moteur principal. Mais qui va de pair avec une recherche esthétique. Le beau me rattrape toujours même quand j’essaye de m’en affranchir en essayant d’explorer par exemple le courant « Ugly ugly painting » qui prône l’abolissement des filtres et des règles esthétiques !
Vous n’êtes pas favorable à la peinture-thérapie ?
Ce n’est pas ma démarche, bien qu’il y ait toujours un aspect thérapeutique dans l’art, qui, comme vous le savez est rédempteur.
C’est la toute première fois que vous exposez dans votre pays d’origine. Ce retour aux sources vous émeut-il ?
Bien sûr, je suis flatté et ému de montrer mon travail pour la première fois au Liban. Oui, c’est un véritable retour aux sources. D’ailleurs l’exposition s’appelle Back home.
A savoir
‘Back home’ de Roy Sfeir
Galerie Zamaan
Vernissage le 27 juin 2019 à 18h00
L’exposition se poursuit jusqu’au 6 juillet
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