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A la galerie Cheriff Tabet : Sept Libanaises à l’honneur

20/11/2018|Nelly Helou

Nouveau venu dans le monde des galeristes au Liban Cheriff Tabet a choisi pour fêter l’an 1 de sa galerie d’exposer les peintures de sept femmes libanaises qui ne sont pas des professionnelles mais qui ont l’amour de la peinture et de l’art en partage. Il nous parle de cette idée originale, et nous fait part de ses projets. 
Rencontre avec Cheriff Tabet. 

‘‘La galerie a ouvert ses portes il y a exactement un an’’. dit-il. ‘‘J’ai organisé la première expo le 7 novembre 2017 et sept autres ont suivi durant l’année écoulée surtout avec des peintres de l’extérieur, mais aussi des libanais. L’idée m’est venue alors d’organiser une exposition qui regrouperait des Libanaises qui n’ont jamais exposé leur travail, qui ne vivent pas de leur art, qui peignent chez elles pour leur propre plaisir. Elles ont du talent et une même passion pour la peinture". 

Comment avez-vous découvert ces sept femmes ? 
Soit à travers des connaissances, ou par des professeurs d’art qui m’ont recommandé certaines de leurs élèves, ou même de bouche à oreille. Etait- ce vraiment la façon la plus objective de sélectionner ? Je ne le crois pas ! Il y a beaucoup de subjectivité dans ce choix. Mais je ne dirais pas que les personnes choisies sont des dilettantes. J’ai vu en elles des femmes qui se réalisent et s’épanouissent, se donnent un but dans la vie à travers leurs créations artistiques. J’ai découvert aussi une jeune fille du Sud, qui étudie l’art et veut devenir peintre. Elle a déjà son premier diplôme et poursuit les cours à l'université libanaise. Elle a du talent. J'expose son travail parmi les sept. 

Qu’elle a été la réaction de ces personnes lorsque vous leur avez parlé du projet ? 
Le contact avec ces femmes peintres au foyer de différents âges et régions a été très agréable et positif. Elles ont montré un grand intérêt pour le projet et étonnées qu'il n'y ait aucun esprit commerçant dans cette initiative. D’ailleurs j'ai contacté plus que sept femmes, certaines ont préféré rester dans l’ombre pensant que leur travail n'était pas à la hauteur de ce projet. Je n'ai pas insisté car je compte poursuivre cette idée à travers d’autres expos similaires et je suis sûr, qu’elles seront intéressées d’y participer ainsi que beaucoup d’autres. Mon objectif est de promouvoir et d’inciter des talents méconnus à se révéler, à sortir de leur carcasse. Il y a beaucoup de gens qui font de la peinture, de la sculpture, de la céramique et autres… pour leur plaisir et qui ont intérêt à être connus. 

Pourquoi le nombre de sept ? 
Il fallait choisir un nombre. J’ai pris celui qui correspond au sept jours de la semaine. Des sept femmes qui vont venir exposer pendant deux semaines certaines voudront vendre leurs toiles, d'autres pas c'est leur choix et certaines souhaitent se lancer. Voici les noms des sept héroïnes : Joyce Khoury Hélou, Roula Bazerji, Lola Saab, Britta Depping Rafie, Soukayna Hawila, Joelle Berberian, Maria Arida. 
Le vernissage aura lieu le 27 novembre et l’expo durera jusqu’au 7 décembre. 

Y a t-il un même thème à cette expo ? 
Pas du tout. Il y a de l'abstrait, du figuratif, des natures mortes, des aquarelles, de la peinture à l'huile, du fusain, de la céramique, de la peinture sur bois, sur papier journal. Il y a de très grandes toiles qui font deux mètres, d'autres moyennes ou petites. Chacune va présenter quelques-unes de ses œuvres de leur choix. Mon rôle en tant que galeriste c'est de les promouvoir, de les pousser, de faire de la communication autour de cet événement. Je le fais par amour de ce métier sans aucun but commercial et j’assume les frais de l’expo : encadrer les toiles, envoyer les cartons d’invitation à mille personnes. Car, en tant que galeristes nous avons un rôle social et culturel à jouer. A l’avenir, j’envisage d’aller plus loin dans cette idée, faire des expos à thèmes, inviter les jeunes à se faire connaître, organiser des expos de peintures à quatre mains. 

De publiciste à galeriste 
Qu’est ce qui a amené Cheriff Tabet à ouvrir une galerie d’art ? 
J’ai fait une longue carrière dans la publicité au Liban et dans les pays arabes, durant 40 ans avec différentes boites de pub. Ayant pris ma retraite il y a un an et demi j'ai décidé que je n'allais pas rester les mains croisées. Étant fils de peintre, Samir Tabet qui peint toujours, j'étais tout le temps en contact avec le monde de l'art et je collectionne depuis des années des toiles. J’ai décidé de me lancer dans un domaine que j'aime où j’ai beaucoup de contacts de par mes voyages et qui me permet de rencontrer de nouveaux peintres. J’ai ouvert ma galerie. Est-ce la bonne période ? Je ne crois pas ! Mais il faut persévérer dans la vie, tenir bon, oublier les jours sombres et les problèmes au contact des belles choses. 

Avez-vous fait des études d’art ? 
Pas du tout ! J'ai fait mes études à l'AUB en communication et journalisme. Mais j’ai vécu en contact permanent avec l’art. Pour moi, cette nouvelle option de ma vie est agréable. Je viens le matin à la galerie où j’ai installé mon bureau et je me retrouve dans un monde beau et apaisant. 

Comment se fait le choix des peintres que vous exposez ? 
J'ai commencé avec deux peintres français que je connaissais, de par mes voyages et contacts, ainsi qu’un Canadien à qui j’avais commandé des toiles. D’autres sont des références. Pour 2019, j’ai prévu une dizaine d’expos dont des peintres italiens. Je vais de même exposer les peintures de mon père au mois de mars car il continue de peindre malgré son âge avancé avec la même passion. Aux peintres que j'invite de l'étranger, je leur demande de peindre quelque chose sur le Liban. Une façon de faire connaître notre pays à travers la peinture.

Au bout d'un an de parcours vous vous considérez satisfait ? 
Je n'ai qu'un an de métier et je fais mes premiers pas. C’est un métier qu'il faut apprivoiser. Il ne suffit pas d’aimer l'art, il faut savoir gérer la galerie ce n'est pas toujours évident quand vous avez 10 expos par an de dix peintres différents. C’est beaucoup de travail mais cela me plait et je suis très bien secondé par Mme Joyce Jureidini qui tient le quotidien de la galerie.
Après cette première année de parcours je peux dire que je suis satisfait personnellement, parce que je fais ce que j'ai envie de faire. Il faut quand même prendre un peu de temps pour essayer de connaître le goût du marché. Et en même temps donner une personnalité propre à sa galerie. Je suis beaucoup plus dans l'art figuratif. Ce n’est peut-être pas ce qui est le plus demandé aujourd’hui, mais un figuratif contemporain, revient à la mode avec des natures mortes, des paysages, des portraits. Je sais aussi qu’il faut de temps à autres présenter de la peinture abstraite. Dans le figuratif, je sens le travail du peintre, ses sensations, sa sensibilité, le choix de ses couleurs, la lumière dans la toile. Quant à la peinture moderne elle est à l’image de la vie et de l’internet. Rapide mais périssable. 

Quid du public
Comme partout au monde, il y a des gens qui apprécient qui aiment selon leurs affinités. S’ils n'ont pas envie pour l’heure d’investir dans l’art, je les comprends. Mais en venant à la galerie ils rencontrent des peintres, voient ce qui se fait de nos jours. La passion de la peinture est communicative. Il faut être patient. Je pense que toutes les galeries ont les mêmes problèmes dans cette situation. 
Je relève surtout que nous sommes un pays très actif dans le domaine culturel, comparable aux pays européens. Quand on prend par exemple l'Agenda culturel, et qu'on voit le programme de ces deux semaines, on ne sait plus où donner de la tête. Je déplore toutefois l’absence de jeunes aux expos. Ils sont intéressés peut- être par d’autres activités culturelles : cinéma, théâtre, musique sans compter l’impact du net. Mais il faut éduquer la jeunesse à l’Art. Organiser peut-être une expo de jeunes talents.

Vous avez aménagé votre galerie en dehors du centre de la capitale ? Est-ce un bon choix ? 
Pour créer ma galerie je cherchais un grand espace à haut plafond afin qu’il y ait assez de recul pour appréciez les toiles et certains des peintres que je compte exposer font de grandes toiles, Ce n'était pas évident de trouver un tel endroit à Beyrouth. Un jour on m'a indiqué ce lieu qui appartient aux Jureidini (aucun rapport avec mon assistante Joyce) une vielle usine que ses propriétaires sont en train de retransformer en galeries d’art. Je suis venu voir et je suis tombé amoureux de cet espace de 160 mètres carrés avec une hauteur impressionnante et un plancher demeuré à l’état rugueux. Même si l’accès de ma galerie n’est pas aussi facile que le fait d’être en plein centre, l'espace qu'il offre justifie mon choix. J’ai fait peindre les murs en blanc pour mieux faire ressortir les toiles. 

Quelle a été la réaction de votre père quand vous avez décidé d’ouvrir une galerie d’art ? 
Il a aimé l’idée, m'a conseillé et aidé et continue à le faire comme il l’a souvent fait avec les galeristes. Je sens qu'il aurait aimé avoir sa propre galerie comme je l'ai fait.

 

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