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8 mars : Bonne fête les femmes

07/03/2024|Gisèle Kayata Eid

Je veux leur tirer mon chapeau. 

Je veux écrire mon admiration et mon infinie tendresse envers mes concitoyennes qui sont seules en ce jour souvenir où on célèbre la femme et ses droits. 

Elles sont seules, mais font corps. Celui des esseulées, des divorcées, des célibataires, des veuves, des épouses larguées, des gardiennes de foyer, des mères « monoparentales », celles qui restent avec les enfants parce que le mari doit aller travailler ailleurs, ces jeunes fiancées qui attendent le retour de leur Ulysse allé chercher pitance très loin avant de faire le grand pas, ces jeunes étudiantes qui n’ont pas eu la chance de pouvoir tout balancer et s’en aller, qui se retrouvent avec un bassin d’hommes qui se réduit à chaque départ, chaque au revoir. Elles sont seules aussi toutes celles dont le ménage et le conjoint sont limés par les crises, la précarité, les déceptions quand ce ne sont pas des dépressions et qui, elles seules, se relèvent et continuent à mener la barque, habillées, coiffées, partantes, entreprenantes…

Elles sont très nombreuses les femmes seules dans ce pays qui ne veut pas mourir… parce qu’elles sont là. Parce qu’elles portent encore le flambeau de la résistance familiale, culturelle, patrimoniale, existentielle même. Ce sont elles qui remplissent les salles de concert, qui s’intéressent aux galeries, qui assistent à des cours, à des conférences, qui écrivent ou font de la peinture, qui s’arrangent pour lire, courir des marathons, faire du yoga… et qui « assistent ». Assistent encore et de plus en plus, les plus esseulés qu’elles, les vieux parents, les nécessiteux, les associations, les fondations, les sociétés de bienfaisance… 

Elles se téléphonent, organisent des rencontres, font des programmes à deux, à trois, se refilent des adresses… Ce sont elles qui font tourner la baraque de cette société vouée à disparaître si ce n’est de leur constance, de leur résilience, de leur détermination à ne pas laisser sombrer un pays torpillé comme une passoire. Elles le savent, elles en souffrent, mais ce sont elles qui, loin des palabres et des discussions politiques vaines et pâteuses, des hommes surtout, ce sont elles qui se relèvent et, seules, continuent en oubliant leur salaire de misère, leur retraite évanouie, leur « standing » réduit à si peu, leurs espoirs de vivre auprès de leurs enfants et leurs petits, leur désespoir de trouver un mari ou juste un compagnon sur l’épaule de qui tout simplement poser la tête. 

Elles se débattent corps et âme pour laisser fleurir ce qu’elles refusent de voir se flétrir : notre place au soleil, notre droit à la beauté et notre humanisme identitaire. 

En ce 8 mars des droits de la femme, alors que vos droits sont si rageusement écrabouillés par notre société et son système sectaire et patriarcal, limées par la dureté de la vie de tous les instants dans un pays devenu « impossible » à vivre, écrasées par la solitude des longues soirées meublées par des séries télévisées qui ovationnent les couples et leurs amours, en ce 8 mars, rappelez-vous que si le Liban est toujours le Liban que veulent rageusement retrouver tous les expatriés, c’est parce que vous êtes là : socle ensoleillé de notre besoin de chaleur et de dignité. 

Bonne fête à toutes.

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