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Tamanna - Des larmes aux rires

15/01/2023|Héloïse Uberti

Je retrouve le sourire de mon fils Karim sur les visages de tous ces enfants.

 

Pendant 17 ans, Tamanna a pu réaliser trois rêves par semaine. Tamanna, ce sont des multitudes d’histoires, et parmi elles, celle de sa fondatrice, Diala El Fil. Lors d’un voyage en Turquie en août 2005, un jet ski a percuté ses deux enfants. L’accident a coûté la vie de son fils Karim, 5 ans. « J’avais une rage immense, je ne savais pas comment faire sortir cette colère. » Quatre mois plus tard, elle crée Tamanna. « J’ai très vite senti que je devais faire quelque chose pour les enfants, mettre de la joie chez eux. J’avais besoin de trouver sur leurs visages le sourire de Karim. »

Le début fut difficile, personne ne comprenait l’intérêt du projet. Encore moins les hôpitaux, qui répétaient à Diala que les fonds récoltés seraient bien plus utiles pour financer des soins, des médicaments, etc. Mais Diala n’avait aucun doute : « L’enfant n’est pas juste un corps à soigner, il est beaucoup plus que cela ! Des centaines d’ONG s’occupent déjà de soigner le corps et la santé des enfants malades. Je pense que nous sommes les seuls à nous occuper de leur cœur, de leur âme d’enfant. » Avec une petite équipe de bénévoles, elle a commencé avec un premier rêve, puis un deuxième et un troisième. Au bout du quatrième, elle reçoit l’appel de médecins : « Ce garçon refuse de prendre son traitement. Il doit se faire opérer dans trois jours mais ne veut plus venir à l’hôpital. Vous pouvez faire quelque chose pour lui. » La venue de Tamanna auprès de cet enfant a réveillé chez lui une réelle excitation, celle de n’importe quel enfant qui voit son rêve se réaliser. Alors il s’est levé et a accepté de se rendre à l’hôpital. Un autre exemple : l’association a emmené un enfant dans la voiture de son pilote préféré. Il était paralysé des mains, mais une fois dans la voiture, pendant la course, il a pu bouger sa main, stimulé par l’excitation. L’action de Tamanna ne s’oppose pas à celle des médecins, elle facilite au contraire le lien entre l’hôpital et l’enfant. Elle laisse sur son passage des regards pétillants, remplis de vie et d’espoir. Certes, les rêves ne vont pas guérir l’enfant. Mais ils aident, ils accompagnent dans la souffrance. Les bénévoles de Tamanna soulagent les parents et le corps médical. Ils gravent des sourires sur les visages et des souvenirs dans les têtes, ils apportent de la joie dans les cœurs et de l’humanité dans les hôpitaux. 

 

 

Beit Tamanna

 

La seule limite d’une vocation aussi belle ne devrait être que la mesure de l’imagination des enfants pour leurs propres rêves. Pourtant d’autres obstacles, beaucoup plus terre-à-terre, restreignent la capacité des bénévoles. Car les rêves coûtent parfois cher. Et les demandes sont de plus en plus nombreuses. Pour se financer, l’association organisait autrefois des soirées de charité pour recueillir des fonds. Aujourd’hui, la situation économique ne le permet plus, et la question des financements se pose aujourd’hui plus sérieusement, dans un pays où l’argent joue à cache-cache.

 

Les bureaux de l’association, situés à Gemmayzé au cœur de Beyrouth, ont donc été convertis en chambres d’hôtes. 8 chambres, 8 salles de bain, dans une magnifique maison traditionnelle. Les revenus générés par l’activité sont intégralement reversés à l’association, lui permettant une auto-suffisance pour ne pas dépendre des donateurs. Le projet suscite l’enthousiasme et est soutenu par de nombreux mécènes. Des entreprises de toute taille fournissent en nature, gratuitement, de quoi donner forme aux chambres : les matelas ont été offerts par l’entreprise Reva, les draps par Karma Design, les tapis par Iwan Maktabi, les accessoires de salle de bain par Geahchan Group, le carrelage par Mada, les différents textiles par Warde (Achrafieh), ou encore les papiers-peints par l’entreprise française Aquilia.

 

Des architectes et designers de grande réputation ont également rejoint l’aventure : Maria Ousseimi, Gregory Gatserelia, Georges Mohasseb, Nada Debs, Rola Vincent, Rania Cortbawi, Marc Dibeh, Bokja, Samer Alameen, Hania Rayess, Hodema, Sherif Aoun, Samer Sarouphim… Ils travaillent gracieusement sur les chambres pour faire de ces appartements des lieux chaleureux et confortables.

 

« Toutes ces personnes, entreprises, designers, mais aussi des particuliers, ont confiance en notre projet. Leur grande générosité nous permet d’avancer malgré les difficultés et d’espérer une ouverture en septembre 2022. » Le prix d’une nuit est fixé à 150 dollars. L’argent récolté par la location d’une chambre pour une nuit permettra à l’association de réaliser le rêve de deux enfants.

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