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MA DECLARATION : CHRISTIAN TAOUTEL
Actualités
A l’occasion du 100ème anniversaire de la proclamation du Grand Liban et pendant tout le mois de septembre, l’Agenda Culturel va au-devant des acteurs culturels, économiques et du corps médical du pays pour leur demander de partager, un siècle plus tard et, surtout, un mois après l’impitoyable apocalypse qui s’est abattue sur Beyrouth, leur ressenti, leurs sentiments et clamer leur propre déclaration.
Christian Taoutel
Chef du département d’Histoire et Relations Internationales
Conservateur des Archives de l’Université Saint Joseph de Beyrouth.
Quel regard portez-vous sur le centenaire du Liban ?
Un triste centenaire, que nous voulions pourtant heureux et historique. Depuis trois ans, je coordonne des projets pour ce centenaire… une exposition itinérante, un documentaire, un son et lumières, un ouvrage, un mémorial… avec mes collègues et mes étudiants, nous étions tellement enthousiastes… Puis le cauchemar de l’inflation, la peur du Covid et le cataclysme du 4 août ! J’ai l’impression de vivre un cauchemar interminable… Un très triste centenaire…
Comment avez-vous vécu la catastrophe du 4 août ?
Comme un fléau biblique ! Ma mère a été très gravement blessée et elle a du être hospitalisée, les appartements de ma mère, de mon frère et de ma sœur ont été détruits. Des amis et lieux que nous aimons, ne sont plus… les petites fenêtres de la ville… disparues… le 4 août, mon cœur a été arraché d’une violence inouïe…
Plus rien ne sera plus jamais comme avant ! Le 4 août, c’est comme assister, impuissant, à la crucifixion de Beyrouth. Les quartiers de mon enfance et les petits paysages colorés de mon cœur, la mer, les tuiles, les fenêtres et les oiseaux… tous crucifiés, et le comble pour rien !
Considérez-vous que le Liban peut devenir une véritable nation ?
Je voudrais surtout que le Liban devienne un Etat. C’est l’essentiel !
La Nation, est un concept affectif important mais secondaire. Un Etat fort, démocratique et équitable est la priorité aujourd’hui. La dimension affective accompagnera inséparablement le sentiment de sécurité et d’équité que doit procurer l’Etat.
Le Liban est-il votre patrie définitive ?
Le Liban n’est pas seulement ma patrie. Le Liban est une relique que j’emporte partout avec moi. Où que je sois, le Liban est dans mon cœur, il est dans mes gestes et dans mes mots.
En ces jours historiques, quelle serait votre propre « Déclaration pour le Liban »
Je n’ai pas ma propre déclaration, je retiens simplement la première phrase de notre hymne national : « Koulouna lil Watan, Lil ula lil aalam ». Mon Liban est celui de Sabah et Wadih el Safi, de Gibran Khalil Gibran, de Toufic Youssef Aouad, de Chouchou, Abou Salim et Fairuz, de Farjallah Haik et d’Amin Maalouf, celui de Elias Hoyek et Nassrallah Boutros Sfeir, celui de Hassan Khaled, de Moussa Sadr et de Mohammad Mahdi Chamseddine.
N’oublions jamais les 200.000 morts de la Grande Famine de 1915-1918, les 150.000 victimes de la Guerre civile de 1975-1990, les 200 tués et les 7000 blessés du crime du 4 août 2020. Pour eux… le Liban doit être celui des gens qui veulent vivre ensemble, heureux et en paix…
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