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Lecture 19 : La famille Martin, David Foenkinos

02/06/2022|Gisèle Kayata Eid

Étant une de ses ferventes lectrices, c’est quand j’ai suivi un atelier d’écriture avec lui que j’ai vraiment compris le choix des thèmes de ses romans : David Foenkinos aime les histoires. Les histoires tout court. Celles de M.et Mme Tout le monde. À commencer par la sienne. Comme dans cet ouvrage où un auteur à court d’idée, décide de sortir de chez lui et de faire de la première personne qu’il rencontrera l’héroïne de son roman.

L’histoire des Martin s’enclenche alors. Une famille avec des problèmes de couple, d’adolescents, de mamie esseulée et d’employeur cynique. L’auto-fiction valse entre l’imaginaire et le réel. Ce n’est pas la première fois que Foenkinos se met en scène. L’auteur adopte souvent le genre autobiographique. Mais encore une fois tout cela est secondaire.   

La famille Martin c’est encore une fois le style Foenkinos. Ses mots choisis, la composition de ses phrases, l’évidence de ses propos souvent attendus, mais qu’on découvre comme pour la première fois avec lui. C’est le style plaisant, les phrases courtes, l’humour pince-sans rire et les émotions encore et toujours.Dans les thèmes archi-connus de cet auteur prolifique, dans ses bas de pages qui abondent, dans ses intermèdes (des anecdotes sur Karl Lagerfield), ses extraits de poème (« La ballade des pendus » de Francois Villon) dans ses chapitres hachurés, comme autant de notes personnelles, dans la banalité du quotidien vécu… C’est toujours la formule magique de Foenkinos qui nous surprend et nous attache. Un habile mélange de légèreté et de gravité, une simplicité désarmante et des histoires qui sont les nôtres. 

 

Quelques extraits pour vous mettre l’eau à la bouche :

« Même les silences entre deux phrases sont entrés dans le domaine du divertissement ; il se passe toujours quelque chose maintenant, y compris quand il ne se passe rien. (en parlant des trois points qui bougeottent quand votre interlocuteur écrit quelque chose sur les réseaux sociaux) »

« La vie est courte. » Cette phrase qu’on prononce dès que le manque d’épanouissement devient insoutenable. »

« C’est la mort de l’imprévu qui marque le véritable tournant d’une vie, l’entrée dans la vieillesse.»

« Quand on sent que l’autre s’éloigne, il arrive qu’on agisse contre ses propres intérêts. Dans la panique, on en vient à donner des raisons supplémentaires de fuir à celui qu’on aime. Bref, dans la vie amoureuse, on passe son temps à se tirer des balles dans le pied.» 

« Quand on vient à trouver du réconfort dans un dessert, les choses vont effectivement mal »

« C’est la définition même de l’écrivain : on ne sait jamais vraiment quand il travaille. C’est le seul métier où l’on peut brasser de l’air pendant des heures en prétextant être au cœur d’une entreprise colossale. »

« Quand on se sent fragile, on regrette amèrement la personne avec qui on partageait tout. » 

« Être à deux équivaut, d’une certaine manière, à couper les blessures en deux. »

« Toute personne que l’on met dans un livre devient romanesque. »

« C’est finalement le paradoxe de notre époque : comme nous nous sommes habitués à avoir tout immédiatement (il n’existe plus le moindre délai entre l’envie et la concrétisation de cette envie), la grande entreprise moderne consiste à créer de la frustration. C’est même sûrement ça qui excite le consommateur : être en manque. » 

… À consommer sans modération, pour ne pas être en manque d’un roman qui nous désarçonne par son style inimitable, le style Foenkinos. 

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