Mon père Emile Nasr (1939-2018), fondateur de l’Agenda Culturel, était un fervent patriote. C’est sans doute cet attachement à sa terre et à l’idée d’un certain Liban qui lui a valu nombre de désillusions entrainant des périodes de doutes et de mélancolie citoyenne. Il n’était d’ailleurs pas le/la seul.e !

Comme un signe pour montrer sa solidarité
Par contre, il croyait ferme dans la richesse de la vie culturelle libanaise et dans l’incroyable créativité de ses artistes. C’est ce qui le faisait avancer et vibrer.
Entre 2015 et 2016, pendant deux ans, avec son équipe, il a travaillé assidument sur l’étude Liban 2020 qu’il préparait pour le centenaire. Ce document, véritable état des lieux de la vie culturelle, avait pour « ambition d’apporter sa contribution à la conception d’une vision pour la culture au Liban. Cette vision se traduirait par la définition d’une véritable politique culturelle qui soit à la hauteur d’un tel évènement. »
La publication de cette étude, qu’il avait habitude d’appeler “mon testament culturel” devait être suivie de tables rondes pour discuter de cet état des lieux dans l’espoir de définir des lignes directrices d’une politique culturelle. Il n’a pas eu le temps de les organiser.
Aujourd’hui, je suis bien heureuse qu’il ne soit plus là pour voir la faillite et la déchéance totale de la nation telle que nous la connaissons.
Nous vous offrons de relire l’étude « Liban 2020 » en arabe, français et anglais en le téléchargeant ici.
Myriam Nasr Shuman
Introduction du dossier
2020 sera l’année du centenaire de la création du Liban. A cette occasion, l’Agenda Culturel a pour ambition d’apporter sa contribution à la conception d’une vision pour la culture au Liban. Cette vision se traduirait par la définition d’une véritable politique culturelle qui soit à la hauteur d’un tel évènement.
L’Agenda Culturel ainsi que les différents acteurs qui composent la vie culturelle libanaise cultivent le rêve, le souhait de voir le Liban maintenir, mais aussi et surtout développer sa présence culturelle.
En dépit de la conjoncture actuelle de la région et les nombreuses difficultés auxquelles le pays doit faire face, cette démarche a pour objectif de poursuivre les nombreux efforts réalisés par le secteur dans le but d’optimiser la diversité et le dynamisme dont il a fait preuve jusqu’à aujourd’hui.
Ce projet est une invitation adressée à ceux ou celles qui, concernés par le secteur culturel, sont désireux d’apporter leur contribution à concevoir un Liban culturel à l’horizon 2020. Conscient du potentiel des différents domaines de la culture, convaincu de son besoin d’épanouissement, l’Agenda Culturel est parvenu à dresser cet état des lieux, véritable témoin de sa propre connaissance et expertise du secteur, mais aussi résultat d’une consultation de terrain auprès d’un grand nombre d’artistes, acteurs culturels, universitaires et penseurs, habilités à répondre à ces questions essentielles : que pouvons-nous faire, pour qui, pourquoi, avec qui et comment ?
Ce qui fait cruellement défaut aujourd’hui, c’est une vision d’une politique culturelle sur laquelle arrimer tous les efforts, une vision convergente qui concentrerait toutes les énergies vers des buts et intérêts communs à tous, afin qu’aucune initiative ne soit négligée ou encore ne s’essouffle de trop d’efforts entrepris en vain.
Cet état des lieux a, non seulement, pour vocation de poser les jalons d’une réflexion sur le secteur en lui-même, mais aussi et surtout de projeter vers l’avenir les constats effectués, dans le but de proposer un plan d’action pour la culture au Liban.
C’est par le biais de préconisations précises, formulées par l’Agenda Culturel et ses contributeurs, qu’il est possible de fédérer les acteurs culturels libanais autour d’une vision commune pour 2020, en les invitant à travailler ensemble dans une même direction, autour d’idées et de conceptions claires, stratégiquement et précautionneusement élaborées en termes de diversité artistique, d’esprit de collaboration, d’innovation et d’originalité.
Il est donc impératif de juguler la démobilisation qui guette les acteurs culturels si une vision d’avenir ne leur est pas proposée. La définition d’une vision pour la culture reste primordiale pour ces jeunes qui ne rêvent qu’à quitter le pays, pour les régions qui vivent un désert culturel loin de la centralité beyrouthine, pour ces milliers d’acteurs culturels qui sont parvenus à maintenir la culture comme secteur vivant, plein de promesses.
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