C’est en 2019 que Grégory Bonnefont, fondateur de la compagnie De l’âme à la vague, découvre l’ouvrage Derrière les fronts : chronique d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation écrit par Samah Jabr, pour la première fois. Interpellé par la force et la lumière qu’il perçoit dans le visage de l’auteur, en photographie sur la première de couverture, il découvre à la lecture un sujet qui l’obsède depuis l’adolescence, et que pourtant il admet méconnaître, celui de l’occupation israélienne sur la population palestinienne. Il est séduit par le propos, et a désormais une certitude : il a trouvé la faille, le point d’entrée, par lequel introduire le sujet sur les planches.
Une scénographie délibérement conceptuelle autour un espace abstrait, du blanc au sol et sur le fond de scène, un bloc de béton et des câbles en symbole de l’oppression. Les chorégraphies, portées par trois danseurs, Christophe Gellon, Filipa Correya Lescuyer et Oussama el Yousfi Lemghari, défilent au rythme des dires de la libanaise Jessy Khalil, qui incarne Samah Jabr.
Pour symboliser l'ellipse dans les écrits de la psychiatre, dont les chroniques s’arrêtent entre 2008 et 2014, le metteur en scène choisit de consacrer son deuxième acte à une adaptation de Gaza, d’ici-là, une poétisation des accords Golstein de l’ONU écrite par Frank Smith. Ce sont alors Nassim Gacem et Sabrine Ben Njima qui occupent la scène. Tourné vers l’espérance et l’espoir, l’acte III est repris par la comédienne principale.
De passage au Liban grâce au soutien de l’Institut français de Paris, la troupe prévoit d’y rencontrer des artistes et de se rendre dans des camps palestiniens au Sud du pays, afin de nourrir son processus de création. L’équipe s’est auparavant attelée à rencontrer et à échanger avec l’auteure, à étudier plus amplement les réalités du conflit israélo-palestinien, et à expérimenter autour de ces considérations, jusqu’à savoir allier les mots et les corps au service d’une idée.
Loin du théâtre documentaire, la pièce se veut proposer un point de vue particulier autour d’une mise en scène sans équivoque. La première en France est prévue le 22 mars et risque, dans un contexte de campagne électorale, de faire débat.



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