Une sculpture mystérieuse qui trouble et rappelle un élément oublié
Ces sculptures nous interpellent, nous appellent à les contempler, à les scruter. Elles semblent nous faire souvenir d’un moment passé, d’un mystère oublié comme ces vestiges que les hommes viennent observer ne sachant rien de ceux qu’ils renfermaient. Un aspect de notre humanité qui, après ces derniers temps de distanciation, de coupure, d’inconnu et de peur, a pu nous devenir étranger. C’est dans la technique de l’artiste, la génétique de l’œuvre, que l’on trouve cet aspect oublié : l’étreinte, la tendresse. En effet, la céramiste, après avoir tourné ses œuvres les achève en les étreignant, d’où cette forme concave qui frappe, et qui surprend. Cette relation peut aussi se retrouver dans la structure de certaines œuvres qui semblent se blottir les unes aux autres.

Une technique singulière : le raku
Au-delà de la forme c’est aussi dans le contenu et la surface que cette exposition est intéressante, à travers l’usage d’une technique ancestrale japonaise : le Raku. Ce procédé de cuisson conduisant au choc thermique des pièces, s’accompagne dans son processus d’un lancer de sciure de bois qui conduit à l’incandescence et l’absorption, par la pièce, du carbone libéré. Les pièces appellent à plisser l’œil, à l’attention, et alors sont visibles des substrats de matières externes. Le tout, assemblé comme un tableau impressionniste fournit à l’œil des couleurs et un émail inédits.

Architecte, Paysagiste, puis céramiste : retour à l’origine
Le parcours de la céramiste semble dès lors prendre tout son sens. Celle qui a d’abord fait des études en architecture, pour dessiner la maison, donner forme à l’intérieur et l’extérieur, s’est ensuite rendue au dehors à travers sa formation de paysagiste. Puis, pour finir, elle est retournée à la matière originelle, la matrice nourrissante qui, depuis le début, alimentait ses actions et se trouvait sous ses pieds : la terre. Et de cette argile, de cette terre, elle refonde un monde aux nouveaux symboles et aux correspondances avec le nôtre que nous devons déchiffrer.

Le mouvement, l’accueil et le retour
Au fond, les œuvres de Souraya Haddad Credoz, par leurs formes autonomes et insolites, semblent mimer le débordement, la tentative de fuite. Mais ce mouvement de prime abord fuyant est en fait un voyage, une dynamique, de retour à l’origine. Voyage qui nous invite à voir nos peurs, pour en faire des forces, par l’étreinte, l’accueil et la connaissance de soi.
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