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À toutes celles qui donnent (et préservent) la vie

21/03/2023|Gisèle Kayata Eid

Aujourd’hui c’est un grand jour au Liban. C’est un jour en dehors du temps, du dollar qui s’affole et nous avec, au-delà de l’horizon qui ne cesse de s’obscurcir enfonçant nos pensées dans un abîme sans fond, au-delà des absences, des volets fermés, des appartements vides et des rideaux de fer baissés.
 

Aujourd’hui, c’est le début du printemps. Ce printemps qui ne meurt jamais vraiment au pays de toutes les incongruités, mais même ce printemps qui allège toutes les souffrances est occulté par un évènement plus grand, que tous célèbrent, chacun à sa façon.
 

Aujourd’hui le pays entier est occupé à rendre ne serait-ce que le centième aux gardiennes insubmersibles de ce pays qui va à la dérive.

Aujourd’hui c’est la fête des mères et ici, c’est un grand jour. Peut-être les réservations dans les restaurants ne sont pas toutes complètes mais ici, dans chaque chaumière il y a de la joie parce que depuis le matin les messages fusent, les bouquets de fleurs circulent, les pots de géranium donnent de la couleur à nos échoppes délaissées. Ici, les programmes du jour se font autour du cœur battant des familles libanaises : les mamans.
 

Et des mamans il y en a. Il y a celles qui ont porté ou qui portent un enfant dans leur ventre, mais il y a aussi toutes celles qui les cachent dans leur cœur, qui portent le souci des « enfants » et chez qui il y a toujours un lit prêt à recevoir celui qui a besoin de chaleur et de tendresse. Celle qui dort une heure sur deux, celle qui voit réduire sa place dans le lit au tiers, celle qui court d’un village à l’autre pour embrasser les petits (neveux, nièces ou cousins) de retour au pays, celle qui attend patiemment de revoir l’un puis l’autre, celle qui a offert sa vie entière pour qu’ « ils » ne manquent de rien, celle qui écoute, conseille, sourit, celle qui donne le sein et s’oublie un, deux, trois ans pour donner le meilleur à cette partie de soi qui prend toute la place et qui la conservera pour toujours.
 

Tous les cas de figure de ces femmes admirables qui luttent en silence rien que pour se maintenir « présentables » malgré leur profond découragement, ces femmes qui restent dignes, leur table toujours garnie de ce qu’elles peuvent offrir, leur porte toujours ouverte pour compatir, soutenir et encourager, ces femmes chez qui la résistance est le pain quotidien et la résilience le seul avenir.
 

À toutes ces femmes de l’ombre qui peuplent ce pays ravagé par la cupidité, celles qui s’y accrochent, qui le nourrissent d’amour et de tendresse, à ce havre jamais défaillant, ces mères dans toute l’acceptation du terme : celles qui donnent et maintiennent la vie... Bonne fête et merci.   

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