La Fondation Arabe pour l’image (FAI) lance sa nouvelle plateforme en ligne
07/05/2019|Lamia Darouni Sfeir
Lorsqu’ils parlent d’images, il y a un respect pour la photographie, qui va au-delà d’une simple photo. ’’Ici, nous considérons les photographies que nous conservons, comme des objets tridimensionnels, qui possèdent un recto et un verso, et qui appartiennent à un contexte de production, de dissémination et de réception, explique Clémence Cottard Hachem, co-directrice et responsable des collections de la FAI. Les photographies , nous les pensons comme des corps stratifiés, du support à la strate images en passant par les traces de pratiques et d’usages, les retouches faites par le studio par exemple, les annotations manuscrites laissées par leur propriétaire, et enfin les détériorations qui nous renseignent aussi sur la biographie de l’objet. Par quoi est-il passé, provient-il d’un album, a t-il été envoyé, malmené ? Toutes ces traces de mémoires déposées par couches racontent l’histoire de l’objet, l’histoire de nos usages personnels et collectifs mais aussi et surtout l’histoire et l’évolution du medium photographique dans la région. C’est tout cela que nous essayons de préserver, de montrer et de valoriser’’.
Permettre au public d’avoir accès à ces photos.
Cette nouvelle plateforme répartie en quatre sections, ‘Collection’ ‘Lab’, ‘Explore’, ‘Engage’, permettra au public, en cliquant sur le nom ou le numéro d’inventaire de chaque collection, d’avoir accès au contenu et aux informations reliées à toutes ces photographies : leur provenance, leurs propriétaires, la période de cette image, ce qu’elle représente, les mots clefs qui y sont associés……. ’’Seront également mis en accès et selon la même valeur, les rectos et les versos d’un tirage papier, les versions négatives et leurs conversions numériques positives lorsque notre objet originel est un négatif, et bien au-delà seront partagées des numérisations expérimentales qui s’attachent à enregistrer des informations non visibles sur les versions numériques classiques. Cette approche de la numérisation respecte notre volonté de comprendre l’objet photographique dans et pour son unicité physique et matérielle et non d’en rendre une interprétation esthétisant, explique la co-directrice et responsable des collections’’.
Que présente chaque section ?
La section ‘LAB’, invite dans un premier temps, les praticiens du monde de la culture, les chercheurs, les académiciens, les doctorants, ou encore les artistes, à venir activer les collections et travailler sur les images qui les intéressent, en complétant les informations de l’image, par des textes, des histoires fictives, ou encore de petites vidéos qui leur permettront de projeter ce qu’ils voient, ou ce qu’ils reconnaissent dans cette image.
La section ‘Explore’, mettra en relief, tous les projets d’expositions de publications, mais aussi les projets artistiques et culturels, ainsi que toutes les initiatives liées aux activités mises en place par la FAI depuis 20 ans et qui montrent la manière dont elle pense les pratiques de l’image, le medium photographique et la préservation des objets qu’ils produisent.
La section ‘Engage’, quant à elle, comporte tous les projets de workshops, de training, et tout ce qui a trait aux pratiques de la préservation et de l’archive qu’entreprend la FAI. Celle-ci espère également créer des programmes d’éducation et d‘enseignement aux métiers de l’archive, pour sensibiliser et former les jeunes générations à la préservation du patrimoine photographique. ’’Notre fondation n’est pas un centre d’archives classique, nous sommes un laboratoire de pensées, un pont entre les pratiques de l’archive, les approches artistiques contemporaines et la recherche. Par la mise à disposition de nos collections, nous nous adressons à tous les champs de réflexion et à toutes les générations. Nous posons des questions : que pourrait-être une archive aujourd’hui dans et pour la région ? Qu’est-ce que la photographie ? Que font les pratiques numériques aujourd’hui ? Face à ces questions, nous appelons une multitude de réponses. La Fondation développe de ce fait, une approche singulière pour penser ses activités et ses collections et leur mise en travail, leur mise en ‘activation’. Nous ne cherchons pas à restaurer nos objets, dans leur fragilité nous les préservons pour ce qu’ils sont et ce qu’ils portent, des images du passé, certes, mais aussi des strates de mémoires, des traces de conflits reflets de contextes historiques et géopolitiques complexes’’ tient à préciser Mme Cottard Hachem.
ARTICLES SIMILAIRES
Le Liban d’hier à demain par Nawaf Salam
Zeina Saleh Kayali
14/01/2025
Transit Tripoli : Un vibrant tangage
Maya Trad
19/06/2024
« The School of Life » ou le camp d’été transformatif
Nadine Fardon
19/06/2024
Annulation de la Première mondiale de "Journée de Noces chez les Cromagnons"
11/04/2024
Lecture 79 : Ketty Rouf, Mère absolument
Gisèle Kayata Eid
11/04/2024
Le voyageur
Olivier Ka
10/04/2024
Des écrans aux idéaux: Beirut International Women Film Festival
09/04/2024
L’univers onirique de Yolande Naufal à Chaos Art Gallery
09/04/2024
De miel et de lait, une histoire douceur du Liban
Garance Fontenette
09/04/2024
Claude et France Lemand Chevaliers de la Légion d’honneur
08/04/2024