Le Chœur de l’USJ, dirigé par Yasmina Sabbah, a apporté une nouvelle preuve de son talent et de son éclectisme lors d’un concert donné en l’Eglise Saint Joseph intitulé Grant us peace (Donne nous la paix), du nom de la cantate du compositeur anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) Dona nobis pacem. Ecrite en 1936, cette œuvre est un plaidoyer pour la paix alors que la première guerre mondiale n’est pas loin et que la deuxième se profile dangereusement à l’horizon. Les textes sont extraits de trois poèmes de Walt Whitman, de bribes de discours politiques ainsi que de la Bible. La phrase Dona Nobis pacem ponctue l’oeuvre dans son entier qui s’ouvre sur le cristal de la voix de la soprano Julie Martin du Theil. Bientôt le baryton Philippe-Nicolas Martin, bouleversant et naturel, la rejoint alors que l’œuvre se déploie en cinq mouvements, majestueuse, pathétique, angoissée ou suppliante. Tout pourvu que la violence ne reprenne pas le dessus.
La deuxième partie du concert est consacrée à des œuvres chorales de Gabriel Fauré (1845-1924). Musique française élégante et raffinée, sur des textes de Victor Hugo, Jean Racine, Armand Silvestre et Robert de Montesquieu.
De part en part, l’oreille est séduite par la qualité de la réalisation, par l’homogénéité du chœur, tant en ce qui concerne l’intonation que la souplesse de la phrase, l’équilibre entre les lignes et le relief apporté au texte musical. On n’est pas moins admiratif du sens de la caractérisation avec lequel chaque pièce est explorée. Précision jamais sèche ni excessivement tranchante qui sait restituer toute la vie intérieure de la partition.
A cette justesse du propos, la présence de l’Orchestre philharmonique du Liban donne un relief de couleurs chatoyantes sous la direction de Yasmina Sabbah, aussi remarquable en cheffe de chœur que d’orchestre.
Alors que la musique retentit et enveloppe, l’église se transforme par le talent de metteur en scène, scénographe et directeur artistique de Chadi Zein en une expérience sensorielle inédite incluant d’étonnants changements d’éclairage et des projections d’images sur les vénérables murs plus que centenaires. Une expérience totale alliant l’exigence artistique au recueillement.

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