Pour débuter l’année musicale en beauté à Beit Tabaris, se sont déroulés deux concerts très inédits.
Tout d’abord ŚADĀ (écho), un duo des plus originaux et que l’on n’a pas l’habitude d’entendre. Farid Rahmé, chef du département des vents au Conservatoire national, à la flûte à bec (il faudrait plutôt dire aux flûtes à bec, parce qu’il y en avait plusieurs de tessitures et tailles différentes) et Christelle Njeim au vibraphone, instrument à percussions tel le xylophone mais dont la structure est en métal au lieu d’être en bois. Ces deux excellents musiciens de stature internationale, ont réussi à captiver le public avec des instruments qui ne sont pas forcément faciles d’accès et que l’on n’aurait pas imaginé dans cette formation spécifique. Mais le mélange prend et le florilège varié d’œuvres, allant de la musique baroque à la musique contemporaine en passant par la musique romantique, est très apprécié. Certaines œuvres plus que d’autres et notamment les chansons médiévales qui remportent une grande adhésion et le Noël en rêve du père Fady Tawk, compositeur né en 1968 et qui dans cette œuvre réussit admirablement à faire dialoguer des pièces traditionnelles sacrées du répertoire maronite en leur donnant un statut de musique savante. Une mention particulière à Méditation du compositeur japonais Ryōhei Hirose (1930-2008). L’œuvre d’écriture atonale et expérimentale ne laisse personne indifférent. Et le public se divise en deux camps, d’une part ceux qui la trouvent détestable et d’autre part ceux qui la trouvent intéressante. Mais tout le monde s’accorde à dire que son interprétation en est remarquable. Les discussions vont bon train. C’est cela aussi la musique. Découvrir, aimer, rejeter. Merci Farid et Christelle.
Le deuxième concert de ce début d’année est totalement différent et c’est une première pour Beit Tabaris. L’excellent trio Oud bila houdoud (Oud sans frontières), est composé de Samir Nasr Eddine (oud), Jack Stephan (contrebasse) et Bahaa Daou (percussions). Trois instrumentistes de très haut niveau dont la complicité et l’homogénéité transparaissent dans l’interprétation. Virtuosité et sensibilité sont de mise. Le public, plutôt habitué à des soirées classiques parfois un peu austères, trépigne de joie. Le lieu est « surbooké », les organisateurs ont dû refuser du monde et de nombreuses personnes restent debout ou s’installent dans une pièce attenante. Les œuvres sont majoritairement des compositions de Samir Nasr Eddine, pièces au langage musical raffiné où l’Orient et l’Occident se mêlent harmonieusement. Le dialogue des cultures, ici, n’est pas un vain mot. La joie du public atteint son paroxysme quand arrive le moment d’un medley d’airs populaires connus, arrangés avec beaucoup de goût. De la Cucaracha à Ya Lourou houbbouki et bien d’autres, autant de pièces que les auditeurs sont heureux de redécouvrir, présentés dans un écrin nouveau.
Deux beaux moments musicaux qui ont marqué les esprits et les cœurs. Bientôt la suite. Restez à l’écoute !
A savoir
Oud bila houdoud est en concert à l’église Saint Maron à Gemayzé le jeudi 25 janvier à 20h00
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