Que puis-je faire de loin ?
Essayer de comprendre, d’analyser, d’écrire, de m’y abstenir… C’est sans fin.
Au juste qu’est-ce qui serait utile ? C’est d’aller jusqu’au bout. Déloger ce qui est encastré depuis trop longtemps. Faire émerger tous les crimes qui nous ont accablés, qui nous ont chassés de notre pays et qui sont autant de parjures à notre intelligence et notre bonheur.
Juste garder en tête que le peuple s’est enfin soulevé. Que de fois, sur place, au Liban, on se demande : « mais comment font tous ces gens pour accepter tout ce qui leur arrive ? Pourquoi ne se révoltent-ils pas ? » Et là, jours bénis, la révolte a grondé et l’insurrection se fait révolution.
La révolution des justes. De ceux qui ne demandent ni le pouvoir, ni un siège, ni une annexion, ni une séparation, qui demandent juste à VIVRE et non plus seulement à survivre pour être une vache à traire aux mains des politiciens.
Une révolution qui semble être impossible à venir à bout de la gangrène qui a envahit les 100 000 000 000 000 cellules de notre pays. Cette nation qui a subi 400 ans de bottes ottomanes et qui a appris que la corruption fait partie de son exercice du pouvoir. Cette « double négation » qui depuis 60 ans essaye d’aller à contre-courant des chefs confessionnels et claniques. Ce « miracle libanais » qui s’abreuve à la résilience d’un peuple épris de vie, d’humour et de tendresse… Malgré tout.
« La Suisse du Proche-Orient », « Le pays-message », «La terre de lait et de miel » ne sont pas que des mots creux. Ils signifient quelque chose de profond et d’irréfutable.
Et nous, quand on est loin, « de dehors », comme ils disent, on sent ça, contre tout entendement. À chaque chauffeur de taxi qui envie mon départ en m’accompagnant à l’aéroport, aux heures où la montagne se réveille, toute rose, alors qu’on longe la mer, si bleue, je dis : « Tu as de la chance de vivre dans le plus beau pays du monde. Résiste. »
À tous ceux qui ont résisté tant d’années, je tire mon chapeau. À tous ceux qui ont permis que mon pays reste toujours mon pays, je leur dis : Révoltez-vous. N’arrêtez pas. Votre heure est venue. Ne la ratez pas. Nos rêves sont encore plus grands que nous.
Bernanos disait : « Si je devais refaire ma vie, je ferai mes rêves encore plus grands, parce que la vie est infiniment plus grande et plus belle que je ne l’avais cru, même en rêve. »
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