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Les grands esprits se rencontrent aux Portes de l’Orient

28/10/2021|Jorge Ballif

Le destin fait parfois bien les choses, et certaines histoires peuvent donner l’impression que tout était écrit à l’avance. Celle de la rencontre entre la famille Tarazi et la famille Broquet en fait assurément partie. Revenons en juin 2017, tandis que Virginie Broquet expose une première fois à la Maison de France de Monaco les carnets de dessin qui l’accompagnent depuis vingt ans dans sa quête des ambassades françaises à l’étranger. Elle y croise alors Michel Tarazi, 4ème génération de la famille Tarazi, qui s’étonne de ne pas voir la Résidence des Pins représentée au milieu de toutes ces ambassades. Les mois passent, une amitié se forge, un intérêt se révèle : il n’en faut pas beaucoup plus pour que Virginie Broquet se décide à rejoindre Beyrouth en juin 2019, voir de ses propres yeux cette fameuse résidence dont les Tarazi lui parlent si souvent. Et pour cause, la Maison Tarazi avait été choisie en 1916 pour confectionner les boiseries de la résidence, notamment sa porte d’entrée monumentale commanditée par Alfred Sursock. C’est Michel Tarazi qui a restauré cette même porte en 1998. Mais ce ne sont pas les boiseries qui provoquèrent la stupéfaction de la plasticienne. Alors qu’elle dessine l’intérieur de la demeure, elle y découvre un tableau de son arrière-grand-père Léon Espèrance Broquet datant de 1919 exposé dans une des pièces à vivre. Ainsi cent ans auparavant les deux familles se croisaient une première fois dans cette majestueuse résidence. Aujourd’hui, les descendants s’associent pour nous offrir une grande exposition en l’honneur de leurs aïeux et de l’Orient fastueux du début du XXème siècle. 

L’exposition se décompose en trois parties : le rez-de-chaussée est consacré à la Résidence des Pins, à la rencontre des deux familles et à leur travail respectif. On peut y observer des photos et des dessins de la résidence fait par Virginie Broquet, des photos de leurs aïeux… Un peu plus haut, le premier étage évoque le voyage en Orient à travers le regard de fameux orientalistes du début du siècle dernier (Volney, Lamartine, Nerval, Twain…). Une bibliothèque a été constituée et rassemble certains ouvrages de ces orientalistes mais aussi des brochures et des posters d’époque fournis par le ministère du tourisme libanais ainsi qu’une collection d’une centaine de cartes postales éditées par la famille Tarazi, une collection qui s’élève en fait à plus de mille trois-cents cartes nous confie Camille Tarazi, architecte et 5ème génération de la famille Tarazi. Le premier étage regorge d’autres sections : une vue panoramique du Beyrouth des années 1900, un hammam revisité par le pinceau de Virginie Broquet, ainsi qu’une collection impressionnante d’objets proche-orientaux. Ces objets que les européens ramenaient de leurs voyages il y a plus d’un siècle ont été rassemblés par les Tarazi durant leurs voyages en Europe, ramenant avec eux le souvenir d’un Orient resté intact dans l’esprit d’anciens rêveurs épris de nostalgie. Cette dimension onirique créée par ces objets et ces illustrations chargés de réminiscences est accompagnée d’une vidéo documentaire sur le savoir-faire artisanal de cette région du monde, notamment le travail du nacre, de la peinture, des moucharabiehs… permettant ainsi d’ancrer cette dimension dans le réel. Enfin, le deuxième étage offre un décor plus aérien : de grandes planches évoquent l’aspect urbain chaotique de la ville de Beyrouth à notre époque, mais aussi celle d’Harissa, sous l’œil de Virginie Broquet. 

L’exposition cherche à revisiter les conceptions orientalistes de la fin du XIXème siècle avec plus de poésie, parfois plus d’humour, en ayant constamment la volonté de les mettre à jour. Elle ne cherche pas à retracer l’histoire en tant que telle ou à faire écho aux soubresauts de l’actualité libanaise : l’exposition cherche à revitaliser une conception du Proche-Orient et du Liban qui n’existe malheureusement plus, mais qui possède toujours des héritiers. 
 

 

 

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