Le Journal d’un héros, par le compositeur Iyad Kanaan
14/01/2020|Zeina Saleh Kayali
Quelle est la genèse de cette œuvre ?
En mai 2007, une attaque terroriste eu lieu au Nord du Liban dans la région de « Nahr el Bared ». 30 soldats de l’armée libanaise furent pris par surprise et sauvagement égorgés. Le choc était immense. Il s’en suivit une guerre qui se déroula dans des circonstances difficiles. La victoire finale ne fut atteinte qu’après trois mois de rudes combats, et au prix douloureux de 169 martyrs. C’est en hommage à l’armée libanaise et à ses héros, que cette œuvre fut conçue. Elle puise son inspiration dans leur bravoure et leur générosité. Ils représentent sans doute, une des causes principales de mon attachement à mon pays. C’est aussi une occasion pour l’Orchestre national LPO de montrer, à sa façon et en musique, son appartenance et son rôle patriotique.
Quel en est le déroulement ?
Cinq mouvements se succèdent de façon continue sans pause, unis entre eux par des cellules (trois mélodiques, et un rythmique) racontant les moments et sentiments éprouvés par un soldat au front, le dernier jour du combat. Le premier mouvement (I- Allegro) expose le héros, son caractère brave et noble. On est à l’aube. Le front est encore calme. (II- la bien aimée) Pendant qu’il surveille, il voyage dans ses pensées et songe à sa bien-aimée. (III- Nostalgia) Soudain perturbé par une fausse alarme, il revient à ses pensées qui le mènent cette fois à ses souvenirs d’enfance, sa mère, son village natal. (IV- Bataille- Marcia) L’alarme retentit encore, mais cette fois c’est pour de bon et le combat commence. Déploiement des forces dans un style fugué, montant peu à peu en crescendo. On est plongé en plein cœur du champ de bataille et de son atrocité représentée par des dissonances empruntées à l’atonalité. Et du fond du chaos, surgit à la trompette, le thème héroïque tranchant la victoire en faveur de l’armée. Suit une marche héroïque en hommage à la bravoure. (V- Conclusion) On célèbre la victoire. Mais c’est une joie mélangée à de l’amertume, car notre héros mortellement blessé, meurt dans les bras de ses frères d’armes.
Comment se situe-t-elle dans votre catalogue ?
Sa composition date de 2008. Et c’est grâce à l’initiative de Dr. Walid Moussallem que cette œuvre verra le jour. C’est une de mes œuvres majeures qui me tient à cœur, vu son sujet, mais aussi vu sa concision formelle, son dynamisme, son coté dramatique, et le souffle oriental de ses mélodies reflété par l’emploi surtout des intervalles de seconde augmenté et de tierce diminuée.
Pouvez-vous présenter le soliste ?
Que dire de Sary Khalifeh ? Violoncelliste et compositeur libanais résident en France, mais toujours attaché à son pays natal où il reste actif donnant plusieurs concerts durant l’année. Il vit et respire la musique. Extrêmement doué et modeste à la fois. Il a été membre de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, et a sorti déjà avec son frère pianiste, Ayad, son CD « Soobia ». C’est une chance et une grande joie pour que de l’avoir comme soliste à la création mondiale de cette œuvre.
Quels sont vos prochains projets ?
Actuellement, je mets les touches finales à ma première symphonie en trois mouvements intitulée « Patriote ». Aussi, je travaille sur une série de danses libanaises, à l’exemple des danses hongroises de Brahms ou des valses de Strauss, mais à visage oriental. Enfin je tiens surtout à remercier le CPML, co-sponsor du concert, en précisant que la partition de l’œuvre sera déposée auprès de son siège à l’école de Jamhour, pour être accessible à qui désire la consulter.
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