L’art de Ghylan Safadi est empreint de littérature et de théâtre, mêlant souvenirs d’enfant et réalités socio-politiques. À travers ses toiles, l’artiste nous fait plonger dans les grands carnavals de son enfance, où chaque personnage joue un rôle bien défini dans la narration de ces scènes inquiétantes, représentations picturales des troubles du monde d’aujourd’hui. À la manière de Virgile guidant Dante à travers l’Enfer et le Purgatoire, l’artiste nous présente chacun de ses personnages, et l’on s’amuse à les retrouver d’une toile à l’autre : un Don Quijote sans cheval, un homme portant un masque à gaz, un escargot, une femme nue… Dans cette commedia dell’arte, les arlequins de l’artiste sont autant de miroirs menant vers des émotions particulières, vers des représentations du monde. Le spectateur ne peut qu’être interpelé par ces scènes au contraste saisissant, fruit d’une opposition entre un imaginaire graphique enfantin et des thèmes plus sombres appartenant au monde des adultes.
S’il a pendant longtemps délaissé la couleur au profit du noir et blanc, l’exposition « The lives of others » marque une évolution dans la manière qu’a Ghylan Safadi de peindre le théâtre de la vie : « Ma peinture est en constante évolution... je me suis senti appelé par la couleur après l’explosion du port de Beyrouth car les gens n’ont pas besoin de voir la mort à travers l’art dans ces moments difficiles. Le Liban est et restera un carnaval coloré et c’est ce que j’ai voulu exprimer à travers "the lives of others". ».
Entre l’Italie de la Renaissance et les rues de Beyrouth il n’y a qu’un pas, et Ghylan Safadi nous invite à traverser ce pont dont il est l’architecte. L’artiste peint le monde qu’il voit à travers une scène de théâtre où chaque personnage a son rôle : la vie des autres, c’est sa vie, c’est la nôtre.
Ghylan Safadi naît à Sweida, en Syrie, en 1977. Ses œuvres ont fait l'objet de plusieurs expositions individuelles dans sa ville natale, ainsi qu'à Beyrouth où il habite. Il a également participé à de nombreuses expositions collectives notamment au Royal Center à Londres, à l'Institut du monde arabe à Paris, à Berlin, à Washington, au Koweït, à Dubaï, à Bahreïn et à Tokyo. L’exposition « The lives of others » court du 1er au 29 octobre à la galerie Art on 56th.
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