Épris de la vallée de la Bekaa, cette contrée luxuriante dont il est issu, Halloum en capte l’âme, la faune et la flore avec un talent d’orfèvre. Ses toiles montrent des paysages foisonnants, d’une texture enivrante, où les couleurs chatoyantes et les formes célestes dansent en harmonie. Son pinceau virtuose caresse les huiles qu’il mélange en alchimiste, élaborant des teintes singulières qui rendent hommage à l’immensité de la toile.
Mais l’arsenal artistique de Halloum ne s’arrête pas là. Il métamorphose également le bois en sculptures délicates, flirtant avec la surface et la texture des matériaux pour évoquer des illusions de volume et de forme.
En jongleur de concepts, Halloum nous emporte dans des jeux subtils d’espace et de profondeur, tout en déployant une palette de techniques relevant de l’expressionnisme chromatique. Observateur aguerri, il scrute avec ferveur les mouvements et la lumière, fusionnant avec ces éléments pour tisser des tableaux étincelants, témoins du présent éphémère.
Son œuvre est également un hommage vibrant aux traditions et aux maestros de l’histoire de l’art, faisant écho aux postimpressionnistes tels que Cézanne et Gauguin, qu’il affectionne particulièrement.
La palette de Halloum est un océan de couleurs, d’une intensité et d’une expressivité débordantes. Son pinceau généreux imprime des arabesques énergiques sur la toile. Ses tableaux sont un baume pour l’âme, des symphonies de formes simplifiées et de couleurs qui s’épanouissent en fluidité ou en épaisseur, évoquant une palpitation du cœur.

Qu’il peigne un paysage éclatant de lumière, une effervescence de marché, une alcôve intime ou un visage anonyme, il capture l’éphémère tout en libérant une exubérance irrésistible. Ses toiles respirent et pulsent.
Dans cette exposition, c’est son panneau mural, un chef-d’œuvre de 9 mètres de largeur, qui nous coupe le souffle. C’est une épopée picturale qui se déroule au fil des saisons, rappelant une bobine de film qui dépeint avec délicatesse les scènes diverses. Halloum nous guide à travers son labyrinthe de visions.
L’observateur, tel un voyageur intrépide, est happé au sein même de la toile où, porté par les volutes enchantées du pinceau du peintre, il se mue en un élément intrinsèque de la narration, voire en un protagoniste palpitant et virevoltant à travers les paysages éthérés de la Bekaa.
Submergés par la profondeur de la toile, nous pénétrons dans l’ambiance enchanteresse qu’elle déploie, devenant presque symbiotiques avec les émotions du peintre. Nous surfons sur une vague de sensations, allant de la chaleur voluptueuse des couleurs ardentes d’un paysage estival à l’embrasement d’une montagne à l’automne, dont les feuillages semblent danser dans un ballet flamboyant, avant de nous retrouver face à une scène hivernale, où la froideur est contrebalancée par des couleurs qui parlent avec audace.
Parfois, nous nous trouvons immergés dans des scènes exubérantes, puis, comme si le temps ralentissait, nous nous arrêtons devant un gros plan d’un plaqueminier. Là, l’ouïe semble s’aiguiser et nous discernons le gazouillis des oiseaux, sentinelles de la plaine, qui observent avec nous ce sanctuaire cher au cœur du peintre poète.
Lorsque Issa Halloum donne vie à son environnement sur la toile, une irrésistible aspiration nous envahit: celle de nous élancer à travers les champs, de ressentir le souffle de la terre sous nos pieds, et de nous envelopper dans la quiétude d’un monde caressé par des couleurs porteuses d’espoir et de renouveau. C’est une expérience transcendantale, une symphonie pour l’esprit, où chaque note est orchestrée par le regard.
Les peintures d’Issa Halloum sont autant de portes vers des univers parallèles, des livres aux pages d’or ou des films aux scénarios somptueux. Pénétrer dans son exposition, c’est franchir le seuil d’un autre monde, c’est être invité à parcourir les sentiers de la Bekaa, et palper, avec une tendresse infinie, les émotions qui en émanent.
Par Zeina Nader
Cet article a été originalement publié sur le site Ici Beyrouth
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