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La Fondation KEAF se démène pour éviter la déscolarisation des enfants démunis

08/01/2024|Dounia Mansour Abdelnour

Que serait-il advenu des Libanais appauvris, démunis par une pyramide de Ponzi financière restée sciemment non résolue depuis 2019, doublée d’une corruption endémique sans le soutien des fondations et des ONG nationales basées dans le pays ou à l’étranger qui déploient des efforts considérables afin d’aider les gens à survivre, se nourrir et assurer leur éducation ?

 

La fondation KEAF (Krystel El Adm) créée dans la foulée d’un drame, parmi des centaines d’autres, causé par l’explosion criminelle du 4 août 2020, s’active depuis deux ans pour soulager les lourds frais d’éducation des plus démunis. Ce jour funeste, Krystel EL Adm, 35 ans, s’était attardée l’après-midi à Gemayzé, épicentre de la déflagration, pour s’occuper d’un élève orphelin nécessiteux et lui offrir un ordinateur portable. Elle avait choisi de parrainer cet enfant et de lui donner la chance d’un avenir meilleur. Son action caritative sera son dernier geste. Elle devait rejoindre ensuite ses parents à Kaslik, elle ne le fera jamais. Passée chez elle à Gemayzé un court instant, elle y perdra la vie non sans avoir pu téléphoner à son père, Dr Nazih El Adm, médecin cardiologue, pour un ultime appel au secours, l’implorant : sauve-moi papa. En vain.

 

Krystel avait réussi une brillante carrière financière en Suisse. Elle aurait pu y rester car le travail ne manquait pas, bien au contraire, en 2014, elle choisit de rentrer au Liban auquel elle était demeurée très attachée. Cette belle âme charismatique, altruiste, généreuse, une étoile parmi les étoiles, comptait des amis sincères et fidèles à son image qui décidèrent avec sa famille de perpétuer son action caritative en créant une fondation qui soutiendrait l’éducation des enfants démunis. C’est ainsi que KEAF (Fondation Krystel EL Adm), présidée par Dr Nazih El Adm, voit le jour en axant la priorité sur l’éducation des enfants défavorisés.

L’équipe de KEAF entourant Dalal El Adm et la photo de Krystel au camp d’été au Paradis d’enfants, Jounieh

Après cette épreuve déchirante, ses parents, Nazih et Dalal, ont choisi de transformer leur douleur en actes d’espoir, la colère et l’injustice en œuvre caritative, se tournant vers les nécessiteux. Le travail sur le terrain se met en branle en 2022. La priorité est axée d’abord sur le soutien financier aux frais d’écolage de 150 enfants encadrés par une assistance sociale qui présente des dossiers donnant la priorité aux familles qui sont en plus grande difficulté que d’autres : un père absent, une mère malade, ainsi que des cas où les deux parents travaillent sans toutefois parvenir à assurer les frais de scolarité. En cas de famille nombreuse, la fondation assiste les parents en prenant en charge les frais d’écolage d’un ou deux enfants.

 

Avec la récente hausse majeure des frais de scolarité, la fondation a revu son budget et accru son aide de façon significative afin d’éviter de priver d’école de nombreux enfants et continuer à assurer leurs scolarités. Il fallait préserver la dignité des enseignants et ne pas les frustrer davantage car leur situation était déjà précaire avec des rémunérations réduites comme une peau de chagrin, souligne Dalal.

 

En début d’année scolaire, nous assurons les fournitures scolaires, notamment la liste des livres, à une quinzaine d’écoles, tels que Saint Vincent de Paul, Bourj Hammoud, Centre Mar Semaan à Wadi el Karem, l’école de Ain Ebel et du Saint Rosaire au Sud, l’école de Hasroun au Nord, la Sainte Famille à Batroun, ainsi qu’une dizaine d’établissements scolaires. À ce jour,16000 articles de fournitures ont été assurés, poursuit Dalal.

 

Les problèmes dus à la paupérisation sont multiples. Nombre d’élèves ne parviennent plus à joindre leurs écoles car ils sont incapables de couvrir les frais de transport, déplore Dalal. Pour que les enfants habitant loin des villes ne soient pas privés d’éducation en raison de leur éloignement, des projets d’assistance viennent en aide aux élèves des zones rurales pour les garder scolarisés chez eux. Ces écoliers bénéficient du soutien de KEAF grâce à nos généreux donateurs auxquels nous sommes reconnaissants, souligne Dalal.

 

Pour la fondation KEAF, l’énergie et l’écologie ne sont pas en reste. En 2022, des panneaux solaires ont été installés à l’École Notre Dame des Lumières à Okaibe et à l’école Notre Dame à Mayfouk, réduisant substantiellement les coûts d’énergie de chauffage et d’eau chaude courante. Une salle de bibliothèque y a été installée tout en contribuant à assurer les frais d’écolage de certains élèves. À l’école des Saint Cœurs à Daroun, le dernier projet en date est en cours. En effet, une salle équipée d’ordinateurs fournis par KEAF permettra aux élèves d’avoir accès à un enseignement moderne. Ce projet sera inauguré au plus tard en février 2024.

 

Au Nord, à Hasroun, chez les Pères Antonins, KEAF a pris en charge la distribution de colis de vêtements et de multiples fournitures à 280 élèves en 10e et 11e.  Par ailleurs, un cours de catéchèse a été mis en place et un nouveau livre de catéchisme pour enfants, fourni aux élèves. 

Ateliers d’enfants au cours des camps d’étés que Cédric El Adm a tenu à visiter

La saison d’été, KEAF ne chôme pas. Des camps d’été de deux semaines, de 8h à 15h, ont fait la joie de 135 enfants, transport assuré à Beyrouth et Jounieh avec des moniteurs. Les enfants s’y sont initiés à des activités interactives, amusantes et éducatives en dehors de la configuration de l’école. Parents et la chaine d’Amis de Krystelont aménagé tout le nécessaire, tout en assurant des enseignants recrutés dans l’environnement immédiat. 

 

Noël dernier, les enfants ont fait une sortie au Nord, au village de Arnaoon, dans les hauteurs de Mseilha surplombant Batroun. La bourgade est spécialement aménagée pour faire rêver les enfants qui se sont éclatés. Amusements et sports familiaux, danses, compétitions encadrées par des éducateurs spécialisés, les enfants ont également pétri leur propre manouché sur le saj, sont montés à cheval, une journée qui leur a laissé des souvenirs heureux indélébiles. 

 

Prendre un enfant par la main, 

Pour l’emmener vers demain 

Prendre un enfant dans ses bras

Et pour la première fois

Sécher ses larmes en étouffant de joie

Prendre un enfant dans ses bras

En regardant tout au bout du chemin

Prendre un enfant pour le sien

 

La chanson d’Yves Duteil traduit bien l’œuvre de KEAF. La souffrance et le désespoir de la famille El Adm se sont sublimés dans le don de soi et l’action caritative, en venant à l’aide aux enfants les plus démunis. Leur résilience a transcendé leur chagrin pour enfanter le meilleur d’eux-mêmes en perpétuant le souvenir de Krystel. Un admirable modèle de fortitude qui nous inspire en soulageant des centaines de vie de fardeaux trop lourds à porter car, après tout, il ne nous restera que ce qu’on donne.

 

N.B. Pour les donations, les détails sont sur le site web de la fondation : krysteleladmfoundation.org

 

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