Vos chansons, Jad, ne déclenchent-elles pas souvent une controverse ?
De prime abord, le mot polyamour c.-à-d. amours plurielles peut choquer, mais certains peuvent intrinsèquement tomber amoureux de plusieurs personnes à la fois ! Vu son aspect peu orthodoxe, je vous avoue que ma nouvelle chanson a excité la rage de quelques amis proches. En 2021, l’amour se libère dans sa théorie, comme dans sa pratique. L’institution du mariage n’est plus compatible avec notre vie moderne ; elle est de plus en plus remise en question, et de moins en moins adoptée. Le nombre croissant des célibataires, des divorcés, et surtout des malheureux nourrit ma conviction : la monogamie est un régime juridique renforcé par les religions qui s’oppose à la physiologie de l’être humain (tout en soulignant que ni je réduis l’Homme à ses besoins physiologiques, ni je le déchois de son intelligence émotionnelle).
Alors pourquoi et comment choisissez-vous de tels sujets ?
Une chanson est faite pour inspirer ! Je suis réaliste et j’aime briser subtilement les tabous de la société. Bien que le polyamour date depuis longtemps, il réussit, à l’instar d’autres vagues, à conquérir le monde rapidement. D’ailleurs, les générations futures seront très libertines pour lui faire accueil, voire l’adopter. Pourquoi ne pas le chanter ?
Comment définissez-vous le polyamour ?
C’est l’amour à gogo, mais avec quelques conditions. Une polyamoureuse ou un polyamoureux est celle ou celui qui peut développer de vrais sentiments amoureux pour une tierce personne. Vis-à-vis de tous leurs partenaires, il est impératif qu’ils soient tous consentants (qu’ils soient ou non des polyamoureux). Ceci assure la transparence, l’autonomie de chaque relation, et facilite l’établissement des règles au sein de la polycule.
Ce polyamour dont vous parlez, est-il l’avenir de l’amour ?
Les mœurs évoluent. L’amour aussi. L’invasion des réseaux sociaux par exemple, ainsi que de leurs gourmandises, a réveillé les appétits. En vue de l’embarras du choix, la fidélité est devenue dure. Par conséquent, l’amour se conjugue de plus en plus au pluriel, au vu et au su du monde entier.
Attire-t-il beaucoup d’adeptes ?
À mon avis, oui. Sans souvent comprendre pourquoi, et qu’ils l’admettent ou non, nombreux sont ceux qui sont dans une relation non-monogame consensuelle, comme ils sont plus nombreux ceux qui souhaiteraient avoir la liberté d’aimer, sans dissimuler, plusieurs personnes simultanément. Désormais, nous connaissons le mot définissant cette orientation.
Le polyamour sombre dans votre chanson. Est-il un concept déchu ?
Que ce soit un couple, un trouple, ou plus, entretenir plusieurs relations amoureuses en même temps n’est pas toujours le bonheur. Cette tâche devient difficile lorsque les personnes impliquées ne sont pas toutes des polyamoureuses ; ou pire encore, lorsque le polyamour est une condition imposée par l’un des partenaires (c’est le cas de ma chanson). Lorsque je regarde autour de moi, je repère tant d’amis qui s’affaissent aux amours parallèles de leur partenaire : par amour, ou de peur de le perdre, ou pour préserver l’unité et la paix au sein de la famille, peu importe. Ma chanson exprime leurs souffrances !
Votre production artistique semble limitée à une seule chanson par an. Pourquoi ?
Ma citation « On m’appelle tailleur, mais mon métier est ailleurs ! » répond parfaitement à votre question. Écrire des textes, les composer puis les chanter n’est pour moi qu’un violon d’Ingres. Le métier qui occupe tout mon temps s’étend entre l’audit interne, la gestion des risques, la gouvernance des entreprises, et l’investigation des fraudes. C’est pourquoi, je suis satisfait d’avoir déjà pu lancer onze chansons originales depuis 2013.
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