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Il suffisait de presque rien…

11/11/2019|Gisèle Kayata Eid

Il aura fallu une révolution pour que les Libanais fassent la paix, enterrent leurs morts et se mettent à aimer les vivants.
Il aura fallu une révolution pour que les femmes osent enfin lever la tête et dire : « j’existe et j’exige ».
Il aura fallu une révolution pour qu’on époussette nos livres d’histoire et de géographie, qu’on se rappelle que 10 452 km2 ce n’est pas un slogan, mais un espace d’hommes et de femmes vaillants.
Il aura fallu une révolution pour que les places publiques fédératrices reprennent vie dans des villes et villages délaissés par la rancune et la peur de l’autre.
Il aura fallu une révolution pour découvrir notre jeunesse flamboyante, celle qui, en trois semaines, nous a fait passer d’une ère d’encrassés à celle d’un 21ème siècle super-connecté et tout puissant.
Il aura fallu une révolution pour que les jeunes se rendent compte qu’à part les cafés et les écrans, le monde est grand, plein de promesses et qu’il est à conquérir.
Il aura fallu une révolution pour que les croulants, en âge et en mentalité, comprennent qu’il est temps de passer la main.
Il aura fallu une révolution pour que les turbans commencent à trembler dans leurs soutanes.
Il aura fallu une révolution pour qu’on se souvienne que le Liban était le foyer ardent des intellectuels et des penseurs du Moyen-Orient.
Il aura fallu une révolution pour que les mères pleurent leurs frustrations et que le monde entier reconnaisse leurs douleurs longtemps muselées.
Il aura fallu une révolution pour qu’on se tienne à nouveau la main dans ce pays où l’agressivité s’était érigée en place et lieu de notre convivialité légendaire.
Il aura fallu une révolution pour que la joie, l’espoir et l’allégresse remplacent les anti dépresseurs, fidèles compagnons du désespoir des Libanais.
Il aura fallu une révolution pour que les expats languissent ouvertement de leur bonheur perdu.
 

Il aura fallu une révolution pour se rappeler que, même au bord du précipice, aujourd'hui, la vie est belle, tout simplement.


 

(Photo : @atary81)

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