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De la Suède au Liban : la voix d’une femme ambassadrice

02/12/2021

Quelle est la position de la Suède par rapport à l’égalité des sexes ?

Depuis 2014, la Suède mène une politique étrangère féministe où l'égalité entre les hommes et les femmes est le fondement de la politique étrangère. Nous considérons que c'est une nécessité pour atteindre la paix, la sécurité et la durabilité. Des institutions véritablement démocratiques devraient refléter la diversité de la population et répondre aux besoins de toutes et de tous. Aussi, la participation équitable dans la vie politique et publique est essentielle pour atteindre les Objectifs de développement durable d’ici 2030. 

 

Comment percevez-vous la différence flagrante de représentation entre hommes et femmes dans la vie publique libanaise ?

Les données indiquent que les femmes sont fortement sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir décisionnel, et que la parité entre les sexes est encore très loin d’être atteinte dans la vie politique au Liban. Cette différence est pour nous un sujet d’inquiétude car comment prendre de bonnes décisions lorsque la moitié de la population est totalement marginalisée au gouvernement, au parlement et au niveau municipal ? Comment allez-vous vous remettre de l'une des pires crises économiques de l'histoire moderne sans exploiter le potentiel économique de la moitié de la population ? 

L'autonomisation des femmes est un élément crucial de la solution pour un Liban meilleur et ne doit pas attendre la résolution d'une série d'autres problèmes. L’accession au pouvoir des femmes sera l’occasion de créer de nouveaux dialogues, bâtir des ponts et ouvrir un nouveau chapitre dans la politique libanaise ! 

 

Quel rôle peut jouer votre ambassade ?

Si les femmes ont réalisé des progrès remarquables dans de nombreuses professions, la politique est un domaine duquel elles sont largement exclues. Nous n’intervenons pas au niveau des candidates pour les prochaines élections, mais nous soutenons le point de vue que celles-ci doivent avoir lieu et se tenir en 2022 conformément à la constitution. 

Par le soutien à certaines initiatives, nous pouvons aider les femmes à être plus visible et faire entendre leur voix. A titre d’exemple, quand la princesse héritière Suédoise est venue au Liban il y a 3 ans, elle a rencontré un grand nombre de femmes dans le monde associatif et leur ainsi permis d’avoir un coup de projecteur sur leurs activités. 

Nous savons qu’aboutir à une participation plus active des femmes dans la vie publique est un travail de longue haleine et de persévérance. Les choses ne vont pas drastiquement changer lors de prochaines élections, mais à long terme, nous espérons que les choses évolueront. 

Ces changements n'incombent pas seulement aux femmes. En Suède, par exemple, les hommes parlementaires se sont servis de leur position de leader d'opinion pour changer les attitudes.

Le Réseau suédois des parlementaires hommes, crée en 2004 et soutenu par les adeptes de tous les partis, encourage les hommes à débattre de leurs valeurs, de leurs préjugés et de l'égalité de tous les êtres humains. 

 

C’est la 3ème fois que vous êtes postée au Liban. Quelle différence voyez-vous en 20 ans ? 

Il y a 20 ans, le Liban connaissait un boom économique et les gens revenaient au Liban. Peut-être que ce boom cachait des dysfonctionnements et maintenant que les problèmes sont remontés à la surface, les changements nécessaires peuvent se produire. 

En revanche, un point très positif est que l’on a le sentiment que les femmes occupent une place beaucoup plus importante en politique, dans la société civile, dans le secteur de la justice et les arts. De plus, certaines femmes ont des postes très importants au niveau diplomatique. La société civile, de son côté est également très dynamique. 

Par ailleurs, il y a 20 ans, nous étions 3 femmes ambassadrices postées au Liban. Aujourd'hui nous sommes 11 ambassadrices. Nous nous réunissons régulièrement pour échanger nos points de vue et collaborer pour apporter notamment un soutien à la lutte pour l’égalité des sexes. 

 

Quel est l’engagement de l’ambassade pour la Culture au Liban ?

Dans la mesure du possible, nous essayons de soutenir la musique, le théâtre et le cinéma. Après la pandémie et compte tenu de la situation économique actuelle, il existe une forte demande d'activités culturelles gratuites. Notre ambition est d'essayer de soutenir davantage d'activités culturelles dans la capitale mais également en dehors de Beyrouth.

Actuellement et pendant tout le mois de décembre, nous organisons une exposition intitulée ‘Suède A-Ö’ dans les souks de Beyrouth, présentant certaines traditions et marques suédoises pour familiariser les Libanais avec la Suède et notre culture. 

Récemment, nous avons collaboré avec le Lebanese Independent Film Festival et Les Musicales de Baabdath pour accroître la sensibilisation au cinéma suédois et à la musique classique suédoise.

L'un des jeunes lauréats libanais de la compétition de courts métrages du Festival du film de l'UE a remporté un prix pour présenter son film au Festival du film arabe de Malmö en Suède, le plus grand festival du film arabe en Europe. 

Ce mois-ci, nous travaillons avec le Beirut Chants Festival - notre Ambassade parraine un concert le 10 décembre avec un excellent répertoire. Nous organisons une réception à l’occasion de la Sainte Lucie, une tradition suédois séculaire, dans le magnifique cadre du Musée national. Des organisations comme le Conseil Suédois des Arts et l'Institut Suédois apportent également un soutien indispensable aux partenariats culturels entre les organisations suédoises et libanaises au Liban.

 

Un dernier message pour nos lecteurs ?

Les Libanais ont vécu la guerre, beaucoup de catastrophes. Ils ont parfois manqué de beaucoup de choses, mais jamais de solidarité. C’est un peuple endurant, avec une jeunesse qui combat pour que les choses changent. J’espère que la jeunesse libanaise, qui fait face à un dilemme entre l’émigration et la reconstruction, pourra revenir au Liban dans le futur proche. 

Enfin, malgré tous les énormes problèmes que connait le pays à tous les niveaux, il ne faut pas oublier l’ouverture d’esprit que nous trouvons au Liban ce que j’admire quotidiennement. 

 

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