La jeune galerie d'art Barrak Naamani est située dans le quartier d’Hamra, transformée d'un tailleur familial qui vendait depuis 50 ans des vêtements faits main, en une salle d'exposition pour les peintures et sculptures des artistes représentés par Barrak, lui-même artiste. Pour l'exposition d'ouverture de sa galerie, Barrak avait choisi le peintre surréaliste Silwan Ibrahim, qui connaît un grand succès dans tout le Moyen-Orient. Cette année, la collaboration artistique interdisciplinaire est mise à l’honneur, avec une cocréation unique de Silwan Ibrahim et du sculpteur Bassam Kyrillos.

Silwan Ibrahim
Silwan est réputé pour ses figures ludiques et ses compositions aux couleurs vives et flamboyantes. L’influence de Dali est évidente ; excentricité, extrême méticulosité, écho des théories freudiennes dans les interactions entre les figures s’amalgament sur le châssis. Son travail est caractérisé par ces figures surréalistes et formes géométriques ; il dépeint une vision inhabituelle qui nous transporte hors du monde, à la croisée de multiples sources d’influences, dont le cubisme et le futurisme. Au regard de la toile, la tristesse et la joie s'entremêlent souvent à la limite de la confusion. Chevaliers, ânes et fanfarons participent également à nourrir la dimension magique des toiles, qui semblent appartenir au monde des songes, de la rêverie.

Bassam Kyrillos
Bassam est un artiste sculpteur Libanais reconnu pour ses œuvres monumentales. Un des éléments caractéristiques de son œuvre est l’apport d’un certain contraste à l'intérieur de la sculpture. L’artiste joue avec la lumière en utilisant les restrictions d'éléments architecturaux pour parler de liberté. Son corps de travail recouvre à la fois du monumental et du figuratif, montrant sa maîtrise dans plusieurs techniques, y compris le bronze traditionnel et l'incorporation de matériaux industriels. Ce travail de la matière en trois dimensions est de prime abord très éloigné du travail et du processus créatif de Silwan.

Interprétation transdisciplinaire
Toutefois, les deux artistes, à présent amis, ont su connecter au-delà du plastique, dans le registre de l’essence de leurs œuvres, pour créer une adaptation en 3D d’une toile de Silwan (ci-dessus). Ce dernier n’avait jamais quitté la sphère de l’aplat, donnant ainsi une grande valeur innovative à la collaboration. Une œuvre transdisciplinaire à quatre mains, « à ma connaissance, ce n’était jamais arrivé auparavant au Liban », déclare Barrak. En effet, ce processus de près de six mois témoigne d’un respect des identités artistiques mutuelles qui doivent rester présentes à chaque étape de conception et de création. Le résultat parle de lui-même, la sculpture en bronze retranscrit aussi bien la dureté, la massivité du travail de Bassam, que la cacophonie surréaliste et les formes déstructurées d’Ibrahim, amputé néanmoins de sa palette de couleurs.

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