Bonjour Lara Selman, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ? 

Je m’appelle Lara Hajj Salman et je suis dans le monde de l’art depuis toujours ! Ma passion pour l’art et le design m’a poussé dans un premier temps à me lancer dans la vente de meubles et d’accessoires d’intérieur au Liban et en dehors, pour des magasins ou lors d’évènements. Cependant j’ai réalisé avec l’expérience et la maturité que je ne voulais pas me limiter à l’art décoratif. J’ai repris des études dans le domaine de l’art management, ce qui m’a permis de fonder ZAAT. Venant d’une famille de collectionneur, j’ai réuni avec le temps une importante collection d’art qui a formé la base des projets organisés par ZAAT à mes débuts. 

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est ZAAT, l’organisme à l’origine de l’exposition Collectors eye ? 

ZAAT est une plateforme d’art multidisciplinaire qui a plusieurs fonctions. Elle sert tout d’abord à conserver et gérer ma collection d’œuvres d’art personnelle. ZAAT est comme une sorte de vitrine numérique à travers laquelle les amateurs d’art peuvent apprécier ma collection, parfois acheter des œuvres que je mets en vente, recevoir des conseils et être informée des expositions organisées via cette plateforme. À côté de cet aspect plus personnel, ZAAT a aussi pour mission de promouvoir des artistes plasticiens, émergeants ou confirmés, en leur offrant l’opportunité d’exposer leur travail à travers le monde, via la plateforme digitale, et au sein d’expositions collectives partout au Moyen-Orient. Cette plateforme a pour but de mettre en contact, soutenir, diffuser l’art moyen-oriental afin de le faire vivre tout en lui permettant de conserver son identité et son éthique. 

Pourquoi avoir choisi ce nom pour cette exposition (Collectors Eye) ? 

Tout simplement parce que je suis une collectionneuse. J’ai sélectionné chacune des œuvres exposées grâce à cet œil et à cette expérience de collectionneuse. Le collectionneur, en associant différents styles, différents artistes et différentes époques, forme ce qu’on pourrait appeler « l’esprit » d’une exposition. Cet « esprit » devient alors une œuvre à part entière, née de l’association d’une multitude d’œuvres d’art qui au sein d’une exposition forme un tout inédit. 

Qui sont les treize artistes participant à cette exposition ? Des artistes libanais sont-ils aussi présents ?

L’exposition rassemble des artistes plasticiens du monde entier, provenant majoritairement du monde arabe. Ce sont des peintres, des sculpteurs, des dessinateurs… Pour la plupart, ils sont tout cela à la fois. Cette exposition incarne totalement l’esprit dont j’ai parlé un peu plus haut et que ZAAT représente : j’ai associé des artistes arabes contemporains comme Enaya Bukhary ou Zena Assi à des grands noms de la peinture du XXème siècle tel que Leonardo Cremonini, ARMAN ou encore Dia al Azzawi. Deux artistes libanais sont exposés parmi les treize, deux artistes contemporains toujours en activité : Zena Assi et Omar Khouri. 

Qu’est-ce qui lie tous ces artistes et vous a amené à les exposer ensemble ?

Deux éléments relient ces artistes entre eux. D’une part il y a l’œil du collectionneur, mon œil, qui agit comme un filtre en associant certaines œuvres ensemble et en en écartant d’autres. D’autre part, toutes ces œuvres ont un point en commun : le medium qu’elles utilisent. En d’autres termes ce qui relient ces œuvres c’est les matériaux utilisés par les artistes dans le processus de création de l’œuvre. Ce sont les moyens utilisés, ce à travers quoi l’artiste a exprimé son art et sa vision. L’ensemble des œuvres exposées sont des sérigraphies ou des lithographies, dans le style batik ou hachure… c’est-à-dire différentes techniques innovantes d’imprimerie.