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BEYROUTH BY DAY: Mar Elias

11/08/2021|Tania Hadjithomas Mehanna

Le quartier de Mar Elias Btina a pris naturellement le nom du couvent et de l’église, hauts lieux de pèlerinage. La légende veut que le prophète Élie, très vénéré au Liban, ait, au IXe siècle av. J.-C., séjourné dans une grotte située aujourd’hui sous le couvent. L’explication peut sembler plausible quand on sait que le prophète Élie a effectivement habité au Liban durant plusieurs années même si les historiens parlent plutôt de Sarafand, près de Tyr, où il aurait accompli deux miracles ou encore de Baalbek qui était sa résidence principale. Mais Mar Elias c’est aussi un camp palestinien créé en 1952 par l’UNRWA et qui abrite plus de 600 personnes. Aux Palestiniens, majoritairement chrétiens, s’ajoutent des ouvriers syriens, des Soudanais, des Sri Lankaises et beaucoup de misère sociale. Le rond-point Cola est le point d’ancrage de ces quémandeurs d’emploi qui s’y retrouvent le matin, le temps de dégoter un boulot journalier. Les nombreux bus et taxis stationnés là transportent le voyageur d’un jour vers la Bekaa et le sud du Liban. 

Mar Elias dédié à Saint Elie est sans conteste un appel à la coexistence. Comme souvent dans Beyrouth, le son des cloches et la voix des muezzins se croisent sans se heurter. « Lorsque vous priez, vous vous élevez pour rencontrer dans les airs tous ceux qui prient à la même heure et que, sinon par la prière, vous ne pourriez rencontrer », a écrit Gibran Khalil Gibran dans Le Prophète. Et si le muezzin tourné vers la Mecque, lance, du haut du minaret, son appel à la prière par la seule force de sa voix, c’est le carillon des cloches qui annonce le début des offices religieux dans les églises. Tradition qui existe depuis Mahomet avec Bilal, le premier muezzin, le chant qui loue Dieu, l’Unique, a toujours bercé Beyrouth depuis les premières mosquées. Les chrétiens devront attendre l’autorisation de l’émir Fakhreddine II avant d’installer des cloches pour renouer avec une habitude que les Croisés avaient instaurée mais qui s’était diluée dans l’histoire du Liban. 

 

Au stade de Safa ouvert depuis 1978, l’atmosphère est sérieuse. Les machines ne sont pas là pour les tendres et les athlètes viennent sérieusement s’y fabriquer une plastique à la hauteur de leurs ambitions. L’entraîneur Ibrahim, que tout le monde appelle Bob, fait littéralement partie du décor. Malgré ses 64 ans, il est là tous les jours et surveille de près ses poulains. « Ici pas question de piqûres ou d’hormones. On est très stricts sur ça. On accueille tout le monde et des champions comme Kayan el Jurdi et Ahmad Haidar ont fréquenté le malaab. On participe régulièrement aux championnats, voilà les médailles. »

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