Après s'être produite au Carnegie Hall à New York avec grand succès en 2016 et avoir mis en suspens sa carrière d'avocat pour se consacrer au chant lyrique, la mezzo-soprano Marie-Joe Abi-Nassif, fait ses débuts parisiens à la Salle Cortot le vendredi 9 novembre dans un récital joliment intitulé "Portraits de femmes" avec Denis Dubois de l’opéra national de Paris, au piano. A quelques jours de cette importante échéance, la cantatrice répond aux questions de l'Agenda Culturel
Est ce important pour vous de chanter à Paris ?
Paris est la ville dans laquelle j'ai découvert ma passion pour l'opéra et fait mes premiers pas dans le chant lyrique. C'est aussi une ville à laquelle je dois beaucoup; les rencontres et les opportunités qu'elle m'a offertes ont été cruciales dans le cheminement de mes deux carrières. C'est donc avec beaucoup d'émotions et une sorte de nostalgie que j'y retourne pour donner un récital. Chanter pour un nouveau public est aussi une découverte pour l'artiste, j'attends donc avec impatience mon rendez-vous avec le public parisien.
Qui sont ces femmes dont vous allez faire le portrait ?
Si on jette un regard sur les grandes œuvres du répertoire classique, il est évident que le destin que retrouve les héroïnes d’opéra est rarement glorieux. Elles sont souvent représentées comme victimes affligées, manipulées, bafouées ou meurtries, et l’image de la femme qui en découle risque d’être dévalorisante. Et pourtant, au-delà de la fatalité de leurs sorts, leurs portraits révèlent des personnalités exaltantes. Qu’elle soit rebelle (je songe à Carmen) ou conformiste (à l'image de Charlotte), séductrice ou vertueuse, manipulatrice (je pense à Dalila) ou vulnérable (Desdemona (Otello de Rossini) ou Erika de Vanessa), la protagoniste demeure égale à elle-même et fidèle à ses propres idéaux. Assumant sa nature et son individualité, elle se donne entièrement et avance vers son destin, parfois même avec beaucoup de courage et conviction (Carmen, Jeanne d'Arc, Desdemona...). Portrait(s) de Femmes est dédié à ces héroïnes et se veut un hommage à leur féminité.
Y'a-t-il une époque que vous préférez ?
J'ai sans doute un faible pour la période romantique. Tant au plan de la composition et de l'orchestration que du message philosophique que la musique révèle. Cette exaltation des émotions que les compositeurs recherchent offre une palette de couleurs et une liberté à l'interprète que je trouve très précieuses. Examiner le contexte socio-politique dans lequel ces oeuvres sont nées, et l'influence de celles-ci sur la politique de l'époque me passionne aussi.
Quels sont vos projets ?
La Bulgarie sera ma prochaine destination. J'ai été invitée à participer en novembre à des concerts à l'Opéra National de Varna et à la Radio Nationale bulgare à Sofia. L'orchestre sera dirigé par Nicoletta Conti. En Février 2019, je me produis avec le New York Lyric Opéra dans Suor Angelica de Puccini.
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