Le festival International de Baalbeck présente le 26 juillet au Temple de Bacchus une œuvre maitresse : le Requiem du grand compositeur italien Giuseppe Verdi (1813-1901), sous la direction du Maestro Toufic Maatouk. Il nous en parle.
Pour la deuxième année consécutive vous participez au Festival international de Baalbeck en dirigeant au sein du Temple de Bacchus une œuvre remarquable. En 2018 c’était le Stabat Mater de Rossini et pour cette année c’est le Requiem de Verdi. Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être dans ce cadre magique où de grands noms se sont produits ?
De toutes mes prestations de par le monde en tant que chef d’orchestre, deux expériences m'ont profondément marqué, celle du Carnegie Hall de New York et plus encore celle du temple de Bacchus à Baalbeck. C'est une sensation exceptionnelle d'être au cœur de la musique dans ce magnifique temple où l'esprit de tous ceux qui ont fait ou dirigé de la musique est omniprésent. C'est un grand privilège, dont je suis honoré et fier. Il ne s'agit pas uniquement de compliments et de félicitations, mais c’est surtout une grande responsabilité que de présenter pour la deuxième année à Baalbeck une œuvre encore plus complexe que le Stabat mater de Rossini et réussir ce challenge avec le Requiem de Verdi.
Pourquoi le choix s'est-il porté cette année sur le Requiem de Verdi ?
L'an dernier à la fin du Stabat Mater de Rossini nous avions joué la partie finale du Requiem de Verdi "le Libera me", qu’il a écrit pour honorer Rossini en tant que grand compositeur d'opéra italien. Ce fut le lien entre le concert de l'an dernier et celui de cette année. Quand le festival de Baalbeck m'a contacté pour 2019 j’ai proposé le Requiem de Verdi. Mon choix était aussi motivé par le fait que la chorale de l'Université antonine célèbre cette année ses 40 ans et je voulais marquer cet anniversaire à travers une œuvre magistrale.
Que représente le Requiem de Verdi ?
C'est l'une des œuvres les plus connues du répertoire d'opéra et je dis bien d'opéra car ce n'est pas un oratorio. Composé à la mémoire, d’Alessandro Manzoni (1785-1873), poète majeur de l’Italie du XIXe siècle, ce requiem fut perçu comme une sorte d’opéra religieux plus que comme une messe pour le repos de l’âme. Le compositeur Hans Von Bülow l’a d’ailleurs qualifié « d’Opéra en robe d’ecclésiastique ». Le Requiem prend avec Verdi une dimension romantique et charnelle avec des contrastes allant du sombre au lumineux, les abîmes y sont noirs et inquiétants, la félicité suspendue et angélique. Il passe de l'un à l'autre au moyen de fulgurantes ruptures du discours ou en organisant de gigantesques crescendos. Il prouve qu'il maîtrise à la perfection la transposition musicale des sentiments humains, mais aussi que son génie de compositeur dépasse de loin la "musique d’opéra" à laquelle il a souvent été, à tort, associé. En parcourant toutes les parties du requiem, on découvre de la dramaturgie, de la théâtralité pure, on dirait des tableaux peints, avec de grands contrastes destinés à émouvoir le public.
Pour vous, c’est une fierté, de diriger cet opéra ?
Diriger le Requiem de Verdi est pour moi une expérience de vie. Un voyage à travers le vécu du compositeur en vue de comprendre sa pensée. C'est la première fois que je dirige cette œuvre, mais ce n'est pas la première fois que je me penche dessus. A maintes reprises, j’ai préparé les chœurs, chanté comme choriste, travaillé avec les musiciens. Chaque fois que j’aborde cette musique je découvre quelque chose de nouveau comme si c'était la première fois que je la travaillais, je n'ai jamais eu la sensation du déjà connu ou entendu. C’est une fierté et un défi avec des questionnements existentiels que nous nous posons tous sur la vie, la mort, l'au-delà ....
Pour ce concert je travaille avec le chœur depuis le mois de mars, car je considère que l’œuvre mérite d’être assimilée, vécue et intériorisée par les choristes, pour qu’ils puissent l’extérioriser. Perfectionniste, je prends mon temps par un travail assidu et rigoureux.
Qui sera sur scène?
Deux chœurs : la chorale de l’Université antonine, avec quelques membres de la chorale de la Radio Roumaine, soit 70 choristes et plus de 70 musiciens de l’orchestre de chambre de la radio Roumaine. Quant au cast il est aux dimensions de Baalbeck, formé de quatre grands solistes plus qu'internationaux. Ce sont les stars du chant d'opéra les plus connues et recherchées actuellement dans le monde entier, de la Scala, au Métropolitain pour leur interprétation. Il s’agit de Maria Agresta (soprano), Daniela Barcellona (Mezzo-soprano), Giorgio Berrugi (Tenor) et John Relyea (Basse).
J’aimerai souligner que cette œuvre majeure du répertoire n’aurait pas vu le jour sans l’étroite collaboration entre le Festival international de Baalbeck et l’Université antonine avec plusieurs partenaires en premier l’ambassade d’Italie et l’Institut culturel italien et l’Ambassade de Roumanie.
Consultez le programme du festival en cliquant ici
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