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Le Festival Molaeb là où les couleurs et les sons se répondent

30/05/2019|Par Alain E. Andrea

« Si la musique nous est si chère, c’est qu’elle est la parole la plus profonde de l’âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur », disait Romain Rolland. L’affirmation du lauréat du prix Nobel de littérature de 1915 rejoint donc celle du compositeur de « La chevauchée des Walkyries », Richard Wagner, qui déclarait que « la musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots ». En effet, la musique savante dite « classique » constitue une sorte de langage universel qui transcende les différences culturelles pour donner corps à l'aspiration et à la quête humaines d'un monde idéal qui permet une véritable communion des âmes. Ainsi, la caricature de cette musique universelle présentée comme étant réservée à une classe particulière, fortunée et instruite, à une élite vieille et prétentieuse, tombe à l’eau. Le Festival Molaeb de musique de chambre en est une preuve vivante.Abolissant toutes les frontières et célébrant la beauté à travers les plus belles harmonies, ce festival outrepasse les époques et les styles pour faire briller le Mont-Liban de mille éclats.Le coup d’envoi de sa cinquième édition, intitulée « De Bach au Tango » sera donné ce jeudi 30 mai.

« L’idée d’organiser ce festival m’est venue suite à ma participation au Festival de musique de chambre d’Hohenstaufen », souligne l’altiste libanais Ribal Molaeb, fondateur du Festival Molaeb. Issu d’une famille d’artistes, ce dernier est le fils du célèbre peintre Jamil Molaeb. Sa passion pour la musique classique le pousse à quitter son village à 17 ans pour poursuivre ses études au Mozarteum de Salzbourg et à l'Université de musique de Vienne. Aujourd’hui, dix ans plus tard, Molaeb continue à se forger une réputation en Europe en tant que chambriste et directeur artistique du Festival Sumito en Suisse sans pour autant oublier son pays natal : « J’ai senti que le Liban a besoin de moi et le temps était venu de rendre ce que je dois à mon pays d’origine et d’avoir un impact positif à travers la musique ».Le festival éponyme accueille trois à quatre fois par an des musiciens du monde entier pour répandre la joie de la musique à deux, trois, quatre ou même huit et partager ainsi des moments de convivialité avec les habitants de la montagne dans le musée Molaeb et dans différents endroits au Liban. 

Cet événement musical est devenu, depuis 2015, un rendez-vous annuel pour les adeptes de la musique classique mais pas uniquement. En effet, le Festival Molaeb, à l’instar de Charles Baudelaire dans son célèbre sonnet « Correspondances », met l’accent sur le lien entre les différents mondes de sensations et sur l’idée fascinante de correspondance des arts : «Comme de longs échos qui de loin se confondent ... Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».Ainsi, dans « une ambiance méditerranéenne gracieuse » il organise également des expositions d’art incluant les mosaïques, les sculptures et les peintures de Jamil Molaeb. A cet égard, le jeune altiste note : « Le festival est consacré à la musique de chambre et aux beaux-arts. J’aime particulièrement le mariage entre la musique et la peinture car ces deux arts sont très liés. La musique donne vie aux musées et les musées d’art présentent une excellente atmosphère pour accueillir des concerts de musique classique ». 

Afin d’attirer le public, le musicien libanais a concocté un répertoire très varié où vont se côtoyer des pièces des différents époques musicales allant de Bach jusqu’à Piazzolla tout en passant par Schulhoff. « Depuis 2015, le festival a accueilli des musiciens venus de : la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Angleterre, les Pyas-Bas, l’Espagne, la Suisse, la République tchèque, la Bulgarie, le Portugal, la Slovénie, la Moldavie, les États-Unis, la Corée, la Chine, le Japon et le Liban. Cette année, le Festival Molaeb de musique de chambre et des beaux-arts a le plaisir de vous inviter à ses trois concerts dans trois musées d’art libanais (Musée Jamil Molaeb à Baysour, le musée Nabu à Heri et le Modern and Contemporary Art Museum (MACAM) à Byblos)avec la participation des violonistes Tanja Sonc (Suisse/Slovénie) et Boris Borgolotto (France), le violoncelliste Marc Girard Garcia (Etats-Unis/France), et moi-même à l’alto ». Et d’ajouter : « Le public est invité à visiter les musées une heure avant le concert pour voir les œuvres de grands artistes libanais ». 

Comme le dit le proverbe chinois, oublier ses origines, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racine, Ribal Molaeb, originaire de Baysour, s’attache à son village avec lequel il a établi des liens profonds : « Les concerts à Baysour ont un gout spécial qui dépasse celui des concerts à Beyrouth, Vienne ou Zurich. Le public ici est affamé de musique. Il est très attentif pendant mes concerts et souhaite toujours plus. Il apprécie ce que je fais et me motive donc à lui apporter plus de musique du plus haut niveau international. C’est vrai que la musique classique ne fait pas partie de sa culture mais c’est là que commence mon rôle ». Un dernier mot avant le concert de jeudi ? « Aux Libanais, je dis: investissez dans la culture et l'éducation musicale! C'est ce qui fera ennoblir notre société. »

DETAILS
- Jeudi 30 mai à 19h au Musée Jamil Molaeb
- Vendredi 31 mai à 21h au Musée Nabu
- Samedi 1erjuin à 19h au Modern and Contemporary Art Museum (MACAM)


PROGRAMME
De Bach au Tango
Erwin Schulhoff (1894–1942) : Cinq pièces pour quatuor de cordes
Astor Piazzolla (1921–1992) :Four, for Tango
Johann Sebastian Bach (1685–1750) / Astor Piazzolla (1921–1992) : Suite Del Angel pour quatuor de cordes
 

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