Le dernier et quatrième long-métrage de Danielle Arbid est depuis quelques jours sur nos grands écrans. ‘Parisienne’ se décline en jeunesse, en musique, en émotions saisis au vif…
Elle a 18 ans, la fougue dans le cœur, et l’espoir à portée de main. Elle n’a peur de rien. Elle, c’est Lina. Lina Karam, le personnage principal du dernier film de Danielle Arbid, ‘Parisienne’. Lina, comme le prénom de la protagoniste du premier long de la cinéaste, ‘Dans les champs de bataille’, cette fillette de 10 ans qui regarde son pays, le Liban et sa famille d’un regard où perce une différence qu’elle tente de comprendre. Quelques années plus tard, la voilà à Paris, a-t-on envie de dire. La même peut-être, mais elle est autre. Parce qu’entretemps, tant d’années ont passé, tout un cheminement et des rencontres. Et pour Danielle Arbid et pour ses personnages forcément.
Oui, il y a une impression familière d’assister à un prolongement du premier long, même s’il y a notamment une différence de lieu, de Beyrouth à Paris. C’est peut-être ça avant tout la force d’un cinéaste, qui par-delà les frontières et les aires, impose un style, une marque, une manière de filmer les personnages, les espaces, les corps, les dialogues, les sentiments, les changements… la réalité qui se fait cinéma par la caméra, toujours authentique, de Danielle Arbid.
Lina Karam, envoûtante Manal Issa, vient de débarquer à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté. Une liberté qu’elle acquerra au fil de ses rencontres, des gens qu’elle croise, des amitiés qui se nouent et se dénouent, au contact de la diversité qu’offre Paris. Danielle Arbid filme la capitale française dans ses multiples couleurs, de l’extrême droite au socialisme, de la vie bohème au monde des affaires, du travail au noir aux cours académiques. Comme une vision qu’on éclaire de là-bas, mais d’ici aussi. On est au début des années 1990, et le film nous plonge dans une ambiance d’époque, merveilleusement reconstituée, direction artistique, musique, costumes, accessoires…
Au fil de la projection, une indescriptible sensation de bien-être étreint le spectateur. Non les moments de galère ne manquent pas, mais le film enclenche un sourire qui n’en finit pas de s’étirer. Quand Lina défie son oncle, sa tante, le système… Quand elle rencontre Jean-Marc (Paul Hamy), Julien (Damien Chapelle) et Rafaël (Vincent Lacoste). Quand elle découvre l’amour, son corps, le monde et elle-même dans leurs bras. Quand, les yeux brillants, elle écoute les cours de Mme Gagnebin (Dominique Blanc). Quand elle revient l’espace de quelques jours au Liban assister l’agonie de son père dont elle n’arrive toujours pas à filmer le visage malade. Et quand son sourire éclaire l’écran, point d’arrivée et point de départ à la fois d’une aventure parisienne. D’une vie parisienne.
(Photo Margo Meyer)
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