Du 11 juin au 4 juillet, la galerie Cheriff Tabet présente OUGA OUGA !, une exposition de Benoit Debbané, architecte, illustrateur et peintre qui s’est prêté aux questions de l’Agenda Culturel. Rencontre.
Présentez-nous votre nouvelle exposition OUGA OUGA !
OUGA OUGA ! C’est le cri de l’homme primitif, c’est aussi le nom d’un personnage que j’ai créé et qui est en quelque sorte une allégorie de tous nos instincts les plus bas. Il représente aussi toutes ces pulsions enfouies en nous et qui font que l’homme, malgré une façade raffinée et civilisée, n’est qu'un monstre ridicule assoiffé de sexe, de pouvoir et de sang, bref un homme de Cro-Magnon en puissance !
Comment avez-vous découvert votre passion pour l’art ?
Très jeune déjà, j’étais fasciné par tous les peintres que je découvrais au fil des pages de nombreux livres d’art que ma mère mettait à notre disposition. Etant elle aussi passionnée d’art, elle remplissait les murs de la maison d’affiches et de reproductions de Jérôme Bosch, Dufy, le Douanier Rousseau… qui éveillaient en moi une curiosité et une fascination. Tous ces artistes qui me faisaient voyager et surtout rêver.
Comment avez-vous combiné l’architecture à la peinture et l’illustration ?
Mon approche de la peinture est assez similaire de celle de l’illustration dans le sens où j’aborde ces deux domaines sans vraiment les différencier, à savoir que les deux sont une façon de raconter une histoire. Quant à ma formation d’architecte, elle m’a aidé à aiguiser ma sensibilité, à comprendre et voir d’un autre œil tout ce qui m’entoure et surtout à composer avec les formes et les couleurs.
Quel est le genre artistique qui vous permet de vous exprimer librement et aisément ?
Le pop art, le doodling, le street art…. un art irrévérencieux, qui ne se prend pas trop au sérieux et dont le message est souvent tragi-comique ou burlesque.
Vous êtes le pionnier du street art libanais. Peut-on affirmer que vous avez imposé les normes et les canons de ce genre artistique ?
Pas vraiment. Tous mes graffitis ont aujourd'hui disparu. Ce que je dessinais jadis sur les murs de Beyrouth, je le dessine aujourd’hui sur toile. Certains artistes reprennent des personnages que je mettais en scène dans mes œuvres pop datant de 2005 tel que GOLDORAK et BRUCE LEE. Par contre leur interprétation de ces personnages manque de subtilité et d’imagination et tombe souvent dans le cliché. Je pense que la poésie et l’originalité sont des ingrédients que très peu des street artists libanais contemporains connaissent malheureusement.
Pour répondre à votre question, je n’ai imposé ni normes ni canons aux artistes de rue libanaise contemporains. Ils ne connaissent probablement pas mon travail, vu qu’en 1991 ils n’étaient probablement pas encore nés et que la reconstruction de Beyrouth a effacé tout ce qui restait encore de mes œuvres…quant à mon travail sur toile, je pense que certains street artists gagneraient à s’y intéresser et à y apprendre que le message est plus important que la technique.
S’il vous est donné de représenter en caricature un politicien libanais, qui choisirez-vous et de quelle manière l’illustrez-vous ?
Je choisirais plutôt l’archétype du politicien libanais véreux : il est d’ailleurs la mascotte de ma nouvelle expo. Il se nomme “Ouga ouga !”, si vous voulez le voir dans toute sa splendeur, venez au vernissage le 11 juin à 18h30, il fait 140x140 cm et il est exposé en vitrine !
Pourquoi avez-vous choisi la galerie Cheriff Tabet pour exposer ?
J’aime lorsqu’un galeriste est prêt à sortir des sentiers battus et ajouter à son écurie, sans souci du qu’en dira-t-on, un vilain petit canard comme moi qui n’a pas son pinceau dans sa poche lorsqu’il s’agit de déverser tout ce qu’il y a de plus ridicule, voire de plus choquant et irrévérencieux sur ses toiles.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des galeries libanaises prêtent à exposer des artistes qui ne sont pas nécessairement “à la mode de chez nous” ?
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