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La Villa Paradiso, un forum culturel protéiforme dans la région du nord

06/03/2019|Emmanuel Khoury

 

En plein cœur de l’ancien souk du pittoresque village de Batroun, dans une maison de l’époque ottomane aux arcades de pierres blanches, existe un lieu hybride, sorte de maison d’hôte où l’artisanat traditionnel se mêle à la peinture et au bon goût dans une atmosphère de festivité musicale. La Villa Paradiso est devenue en à peine deux années une plateforme culturelle incontournable du village côtier phénicien et de la région, où transitent de nombreux événements qui célèbrent l’art et les sens de mille manières différentes. L’Agenda Culturel a rencontré Rémi et sa sœur Rita, deux esthètes libanais à l’origine de ce projet devenu si crucial aujourd’hui. 

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer la Villa Paradiso ?
Rita : Ce qui nous a uni dans ce projet c’est avant tout l’art, la culture et l’héritage libanais. Proposer une maison d’hôte ou un bar, ce sont des activités secondaires pour nous. Nous nous considérons davantage comme un forum artistique et culturel au sein du nord et de Batroun, là où il y a un grand manque. Il y a un besoin de promouvoir la culture et l’art dans la région.

Et pour promouvoir la culture justement, la Villa prend de nombreux visage : elle devient une boutique, un restaurant, un lieu de concert, d’exposition… Quelle est son identité au fond ?
Rémi : C’est l’esprit de la ville. Quand on a ouvert en 2017, on a cherché à remettre l’esprit de la ville dans la communauté de Batroun. Notre premier projet avant la Villa était à Beyrouth, à Gemmayzeh, en 2013. On travaillait exclusivement dans le domaine artistique et culturel (sans maison d’hôte et événement festif) : beaucoup d’artistes exprimaient leur envie d’investir l’espace, d’occuper les lieux. On a alors eu l’idée d’une porte ouverte, une maison libanaise traditionnelle ouverte au public libanais, afin qu’il se reconnecte avec ses racines. Le concept au fond c’est : faites comme chez vous. Les artistes émergents ont besoin de lieux.

Vous exposez quel genre d’art et à quelle fréquence?
Rita : On a reçu des artistes nationaux et des internationaux. Pratiquement tous les mois on a un artiste qui montre son travail ici : de la photographie, de la peinture, des illustrations... c’est très varié.

Rémi : On fait toujours une sélection au préalable, on veut être certain que c’est quelque chose qu’on a envie de montrer. Il y a deux types d’expositions à la Villa Paradiso : celles où on a envie de révéler le travail d’un artiste précis, on fait alors un vernissage et on s’active sur nos réseaux sociaux; et puis celles où des artistes moins connus ne veulent pas faire un vernissage et utilisent davantage le lieu comme plateforme d’expérimentation. 

Rita : Il y a beaucoup d’artistes très connus hors du Liban qui exposent pour la première fois dans notre pays à la Villa. Il y a aussi des jeunes artistes inconnus, parfois débutants, qu’on a envie de promouvoir et à qui on donne cette chance. 

Il y a donc l’art visuel, mais aussi la musique. Qu’est-ce que vous proposez à la Villa Paradiso sur le plan musical ?
Rémi : Déjà, chaque année on est présent pour la fête de la musique. On collabore aussi avec le conservatoire et les écoles de musique de Batroun. Des étudiants sont souvent venus jouer ici. Je pense que Batroun a vraiment besoin d’une scène artistique.

Rita : Il y a quelque temps, un habitant de Tripoli qui était de passage chez nous, nous a demandé : est-ce que ça marche ce que vous faites? Et pensez-vous que ça marcherait dans la région et à Tripoli ? Je lui ai dit : évidemment! Il y a tellement de gens qui en ont besoin, qui ont oublié ce qu’est la culture, ils ont besoin qu’on leur en propose! Et puis, la culture c’est contagieux…

Vous organisez aussi régulièrement des dîners, des événements fréquents qui mobilisent un peu les ressources de la région, n’est-ce pas? 
Rémi : Tout-à-fait, on fait des jumelages entre des vins du nord du Liban et des produits de la région, et on ramène des chefs qui cuisinent français, italien ou autre. On utilise des produits locaux : la viande et le vin consommés sont issus de fermes et de vignobles de la région… On fait aussi des marchés trois fois par an : on invite des artisans de Tripoli, des montagnes et d’un peu partout au Liban.

Rita : Les chefs peuvent être amateurs ou professionnels, d’ailleurs. L’année dernière, pendant plusieurs week-ends on a mis les 9 vignobles de la région de Batroun à l’honneur. En même temps, il y avait à chaque fois une performance musicale et des expositions picturales. 

De l’art, de l’artisanat, de la musique, des produits locaux, un restaurant, une maison d’hôte, un magasin, des collaborations… Qu’est-ce que vous ne faites pas?
Rémi : Mais il y a encore plus… On organise des récitations de poésie par exemple. On fait aussi un café psy : des professionnels viennent discuter autour de thèmes concernant la psychologie, l’art… Ils boivent, ils mangent et ils réfléchissent! 

Rita : On collabore aussi avec quelques associations et ONG, par exemple on a un stand permanent de la croix-rouge ici, qui propose des produits locaux faits par des bénévoles. Le recyclage aussi nous importe beaucoup. On essaye de trier tant que faire se peut, on utilise beaucoup d’objets de récupération, car nous sommes très concernés par l’environnement. On fait la promotion des designers libanais, le fait-main...

Rémi : Quasiment tout ce que vous voyez autour de vous dans la Villa Paradiso, depuis la terrasse jusqu’à la salle intérieure en passant par les chambres a été fait localement, sur mesure. N’importe quel projet qui se veut dans sa communauté doit l’impliquer.

On en oublierait presque le bar qui donne sur le clocher de la cathédrale Saint-Etienne et que vous ouvrez sur la terrasse surélevée en été ...
Rémi : Oui, il y a le roof bar en été, on participe à la vie estivale de Batroun. Et la maison d’hôte qui comprend 6 chambres aussi. Et puis, on fait la fête! 

Rita : Si on devait résumer en fait, on a 4 fonctions principales : le local pour tout événement culturel, social, artistique, culinaire etc; une maison d’hôte; un bar en terrasse; et une boutique d’artisanat où l’on vend des objets locaux, recyclés, des produits uniques fait-main, des livres...
 

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