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Les villes imaginaires de Martha Hraoui

18/10/2021|Zeina Saleh Kayali

D’où vient l’idée de cette exposition, présentée dans le magnifique écrin qu’est l’ambassade de l’Uruguay à Paris ?

De Son Excellence l’Ambassadeur de l’Uruguay en France, M. Jorge Luis Jure, lui-même d’origine libanaise, ayant d’ailleurs servi au Liban et grand ami des arts et des lettres. Il a souhaité faire dialoguer les œuvres d’un grand peintre uruguayen avec les miennes, autour du thème des villes. Il est d’ailleurs question que cette exposition, après Paris, soit présentée dans différentes villes de France. C’est très stimulant pour un artiste d’être accueilli avec une telle chaleur. 

 

Quelle est la particularité de ces toiles ? 

Elles ne sont pas liées à un lieu en particulier. J’avais beaucoup travaillé le ciel ainsi que ma vision de la ville et des villages qui est un peu onirique et qui laisse la place à l’imaginaire du public. D’ailleurs l’interprétation des visiteurs est très intéressante pour moi et je suis très à l’écoute de leurs impressions et de leurs commentaires. 

 

Vous faites tout de même référence au patrimoine ?

Bien sûr et je suis toujours très affectée quand le patrimoine est détérioré. Qu’on le veuille ou non, le patrimoine est identitaire ! D’ailleurs souvent le public reconnaît (ou croit reconnaître !) des lieux du Liban dans ces toiles. 

 

Trois des œuvres exposées ont été exécutées avec la technique du marouflage. De quoi s’agit-il ? 

C’est une technique que j’ai commencée à l’occasion de mes pèlerinages sur le chemin de Compostelle.  C’est une technique assez difficile car elle se pratique sur un papier extrêmement fin qu’il faut froisser et travailler sans le déchirer tout en obtenant des reliefs et des formes. C’est une démarche en écho artistique au Chemin qui symbolise l’effort du corps humain pendant la marche. 

 

Vos œuvres dialoguent harmonieusement avec celles de Miguel Nunez Rauschert ?

Oui, elles sont différentes et complémentaires en même temps. Je privilégie les paysages, alors qu’il est plutôt dans des scènes plus urbaines et des formes plus géométriques. Ses couleurs sont sombres alors que je m’épanouis plutôt dans des ciels lumineux. Sur certains murs les toiles sont placées côte à côte et le contraste est très intéressant. Un véritable dialogue des cultures. 

 

Vous vous sentez « orpheline du Liban » ? 

Et comment ! J’ai été orpheline de père et de mère à l’âge de 23 ans et maintenant je me sens orpheline de mon pays. J’ai essayé de porter les couleurs du Liban à travers le monde par ma peinture et quand on me voyait arriver avec mes tableaux, on me demandait si j’étais peintre ou ambassadrice ou chargée de mission ! Aujourd’hui, je suis à l’heure du bilan et tout ce qui se passe au Liban me pousse à remettre en question et réfléchir à ce que nous étions et ce que nous sommes devenus. Je n’arrive pas à pardonner, c’est un véritable deuil. 

 

Vous n’êtes pas suffisamment présente dans les grands événements artistiques qui parlent du Liban, alors que vous incarnez notre pays par votre œuvre. Pourquoi ? 

C’est sans doute un peu ma faute. Vous savez comme partout, il existe un système, auquel il convient d’adhérer pour être « dans la boucle ». Or j’ai délibérément choisi de ne pas faire partie du système. Je n’ai pas d’agent ni de galeriste, je ne démarche pas. Je laisse les événements et les gens venir à moi. J’ai opté pour la liberté, mais la liberté a un prix ! 

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