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Les couleurs d’une tunisienne à Beyrouth

Art

01/12/2022|Joseph Jourdanneau

Imagination, réflexion, espoir. Voilà des mots qui se marient parfaitement avec l’univers artistique et les œuvres d’Aziza Guermazy. Ayant connu une ascension fulgurante depuis son exposition « Imaginarium » à l’Agora de Tunis en 2019, l’artiste-peintre tunisienne pose ses toiles à Beyrouth dans le cadre de son exposition « A Love Letter to Beirut » à Kalim Art space à Hamra du 1er au 5 décembre. Rencontre avec la plasticienne. 

D’où vient votre inspiration ?

Je dirais qu’elle vient d’un peu de tout, j’ai l’impression d’être comme une éponge et de tout absorber, tout ce que je vois, ce que j’entends. Cela peut être une musique un texte une odeur, etc. Il y a aussi le côté rêve et la mémoire qui est important, l’imaginaire joue un rôle très important dans mon inspiration. Je ne pense pas avoir de style déterminé, je m’inspire d’œuvres qui m’entourent que ce soit dans les formes géométriques d’un tableau ou une palette de couleurs, etc. Je fais mes toiles en fonction de mon mood : soit j’ai envie de faire une esquisse et de préparer le croquis en dessinant les grandes lignes mais sans les détails, ou soit je prends ma toile et je commence directement. Mes toiles sur Beyrouth sont un travail sur la mémoire, j’ai essayé de reproduire mes souvenirs de cette ville et du Liban en général, les mosquées, les églises et les cèdres par exemple sur mes toiles avec pour seul modèle ce que j’avais vu quelques mois auparavant.

 

Vous avez un personnage assez récurent dans vos toiles, pouvez nous en parlez ?

Même si je travaille beaucoup sur l’imaginaire je tiens à garder un côté un peu réel dans mes œuvres et c’est pourquoi je travaille sur des personnages semi-humains. Vous pouvez trouver la tête et le corps, ou juste la tête. Dans mon monde imaginaire tête et corps n’ont pas toujours besoin d’être ensemble. J’ai fait beaucoup de recherches pour arriver à cette forme en dessinant beaucoup de personnages avant, j’ai commencé avec un seul œil, puis je trouvais qu’un seul n’était pas assez, et je suis arrivée à la conclusion que ce personnage est celui que je préfère. J’accorde beaucoup d’importance également aux expressions, et c’est fou comment avec seulement une forme de visage, deux yeux et une bouche on peut faire exprimer tant de choses à un personnage. Chaque visiteur peut avoir sa libre interprétation du personnage et c’est le message que je veux transmettre à travers mes toiles. Avec les différentes formes, couleurs et expressions, l’interprétation du personnage, mais aussi de la toile dépend du mood dans lequel on est au moment où l’on regarde cette toile.

Votre exposition s’appelle « A Love Letter to Beyrouth », quel est votre rapport à Beyrouth ?

C’est ma deuxième fois à Beyrouth ! J’y suis venue pour la 1ère fois cet été et j’ai été impressionnée par l’énergie à la fois sulfureuse et chaotique de cette ville, ses multiples facettes, et je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas rendre hommage à cette ville pour ma première exposition. La première fois que je suis venue j'ai un peu tout vu, j'ai visité les musées, j'ai visité les mosquées et les églises, j’ai pris un café dans les petites ruelles. Beyrouth est une ville qui est à la fois impressionnante, intéressante, intrigante mais en même temps on ressent un petit peu la tristesse le matin alors qu’en comparaison le soir c'est une ville qui fait vraiment la fête. Cela m’a vraiment fait réfléchir. Cette ville est vibrante et vivante, elle a une âme, et même en ayant visité plusieurs pays, ce que j’ai ressenti à Beyrouth je ne l’ai ressenti nulle part ailleurs.

 

« A Love Letter to Beirut » Qu’est-ce qu’il y a dans cette lettre d’amour ?

C’est comme une petite lueur d’espoir à mon échelle, et j’ai essayé de dessiner Beyrouth à travers mon triptyque. La couleur jaune qui est très présente dans mon tableau, même si elle est un peu fade, même si elle est triste, elle représente la lumière et de l'espoir avec les autres couleurs et c’est ce que je veux représenter dans mes toiles. Cette lettre n’est pas faite qu’avec l’imagination, mais surtout avec la mémoire, et les titres de quelques-unes de mes toiles sont des titres que j’ai trouvé directement dans la rue, des inscriptions sur les murs etc. J’ai voulu recréer cette mixité que j’ai vu à Beyrouth au travers de mes toiles et de cette exposition, car il y a toujours un message d’amour et une lueur d’espoir à travers ces toiles.

 

Vous avez commencé la peinture quand vous étiez jeune, puis vous avez arrêté pour reprendre plusieurs années après. Pourquoi avez-vous repris la peinture ?

J’ai en effet suivi plusieurs cursus: 2 ans d’architecture à l’école à Paris, j’ai fait du marketing et un Master en CRM et j’ai même commencé à travailler. Mais il y a toujours eu une fibre artistique dans ma famille, que ce soit mon père qui a toujours dessiné, ma mère ou mes cousins. Puis je suis arrivée à un stade dans ma vie où je ne savais plus ce que je voulais faire alors j'ai démissionné, et comme je ne faisais plus grand-chose à part manger, me coucher puis me réveiller (rires), j’ai décidé de reprendre la peinture car c’était ce que j’aimais faire, même si mes parents étaient contre car ils considéraient ça comme un hobby et non comme un travail. Mais j’ai tenu bon car c’était ce que je voulais faire et c’est sûrement la meilleure décision que j’ai prise de ma vie. 

 

Instagram : @Azizaguermazy

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

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