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Lecture 27 : L’enfant réparé, Grégoire Delacourt
Livre
Une évasion par les idées, les histoires et les images, à travers des livres découverts pour vous.
L’enfant réparé, Grégoire Delacourt, Grasset, 2021.
C’est un livre sur la souffrance. Pas la douleur physique, mais ce mal intérieur qui nous ronge, chacun dans ce qu’il a de plus fragile.
A partir d’une grave blessure d’enfant, et dans une confession unique, Delacourt traduit avec ses mots, toujours puissants et percutants (il est publicitaire de profession), à travers le parcours d’un grand écrivain, son mal être profond. L’auteur du best-seller « La liste de mes envies » nous livre ici un récit autobiographique d’une lucidité et d’une transparence exceptionnelles.
Au-delà de son expérience personnelle, celui qui considère l’écriture comme échappatoire touche à l’universel chez tout un chacun, chez cet être humain résultat de strates qui s’accumulent, se cognent, s’éliminent, se recroquevillent, s’éclatent et font que nous sommes ce que nous sommes : foncièrement malheureux, gais, revanchards ou… dans le déni, ce déni qui dans lequel il a vécu et qui a fait son malheur.
Un témoignage cru, intense : « Les bêtes blessées… sont dangereuses, elles savent qu’elles peuvent survivre…elles ne savent plus que cela, ne pensent plus qu’à cela. » Et un peu plus loin : « On dévorait les mains qui nous avaient nourris. On retournait sa veste. Survivre réveille la bête, déchaîne toutes les lâchetés. »
Un livre que vous ne lâchez pas, mais qui ne vous lâche pas. Sur lequel vous reviendrez pour lire certaines phrases lapidaires : « La guerre rend également mabouls ceux qui ne la font pas et se taire ceux qui n’ont pas été zigouillés »; mais si véridiques : « Mes doigts cherchaient à retrouver la chair… Ce sexe qui est une vengeance. Parce qu’on est seul. Parce qu’on grelotte. Parce que quelque chose en vous a été détraqué et qu’on vous a laissé cette violence-là. Ce chien de compagnie. »
Un livre pétri de sensibilité « (Quand son psy) lui demande ce qu’elle voudrait être, elle répond enfin Normale…il lui dit Mais vous l’êtes…. Elle hoche la tête et dit : Non, normale, c’est quand on est aimée », mais surtout écrit avec énormément de talent.
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