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FabricAid : développer la mode de seconde main à grande échelle au Liban

12/05/2022|Louise Servans

En 2017, l’idée de départ d’Omar Itani est simple. Il souhaite concevoir un procédé efficace et organisé de récolte et de tri des dons de vêtements, afin de créer ensuite une expérience de shopping qui soit digne et agréable pour les populations qui en bénéficient. Étiquetés, propres et rangés, les articles y sont vendus à des prix défiant toute concurrence, autour de 1$ en moyenne par pièce, et les clients font leurs achats normalement, sans se sentir dévalorisés. C’est ainsi que Souk el Khlanj est né. Ses stocks reposant exclusivement sur des dons, il est destiné principalement aux populations marginalisées. C’est en constatant ensuite, d’une part, que l’expérience plaît, et d’autre part que cette clientèle a tendance à se cantonner à des pièces d’habillement plutôt classiques, qu’Omar et son équipe ont ensuite l’idée de lancer une autre marque de vente, destinée à un autre segment de population : Second Base. Elle est fondée sur un système hybride de récolte de vêtements, entre donations et achats à des particuliers. La ligne stylistique des articles proposés y est cette fois plus originale. Les prix y sont légèrement plus élevés mais demeurent ultra compétitifs. 

Les boutiques Second Base se situent dans des quartiers dynamiques, branchés et fréquentés par les jeunes (Gemmayzé et Monnot à Beyrouth). Elles sont soigneusement décorées, les vêtements sont mis en valeur pour correspondre aux modes et envies actuelles, tout comme la musique diffusée. Le but est de redorer l’image de la friperie dans l’esprit des clients. Une visite dans une boutique Second Base est tout aussi plaisante que dans une boutique de n’importe quelle marque traditionnelle de neuf, à la différence que chaque pièce est unique ou presque, et que le montant du ticket de caisse final est nettement moins élevé. 

 

Aujourd’hui, FabricAid compte une troisième marque de retailing de vêtements d’occasion : Souk Okaz. Davantage commerciale, elle est entièrement indépendante des cycles de dons, et repose exclusivement sur des achats à des particuliers. Les clients peuvent y vendre leurs vêtements, sans que les pièces nécessitent de correspondre à un style en particulier. FabricAid a également créé deux marques d’upcycling ; la transformation de pièces d’occasion pour les remettre au goût du jour, ou pour leur donner un nouvel usage. FabricMerch et Salad réemploient ainsi des tissus ayant eu une utilisation première : costumes de travail, sacs, cabas… pour en créer des vêtements sophistiqués et tendances. En adaptant chaque ligne de distribution à une clientèle spécifique, FabricAid parvient donc à tirer les profits nécessaires pour continuer à proposer son offre bon marché, et mener à bien sa mission sociale. 

Mais l’ambition sociale de FabricAid ne s’arrête pas à la simple proposition d’une offre abordable de vêtements pour les familles en ayant besoin. L’entreprise recycle, aide à lutter contre la pollution de la production et des déchets de l’industrie textile, et ce, en créant plus d’une centaine de postes au Liban. Omar Itani est fier de préciser que tous les employés de FabricAid sont rémunérés en fresh dollars.   

 

Toutefois, si la crise donne à la mode de seconde main tout son sens (voir article précédent), FabricAid en a bien entendu aussi subi les foudres. Les dons de vêtements à l’échelle du pays se sont considérablement amoindris. Pour cause, les libanais renouvellent naturellement beaucoup moins leur garde-robe, et recourent davantage eux-mêmes à la revente de leurs vêtements, pour tenter d’en tirer un complément de revenus. L’entreprise a donc dû compter en grande partie sur les campagnes de collecte de vêtements provenant de l’étranger. Omar Itani souligne tout de même une augmentation importante de la demande, en particulier pour Souk Okaz. Les prix relatifs du neuf ayant considérablement augmenté, il explique que l’offre proposée par FabricAid est tout simplement “la plus logique”. “Vous pouvez trouver le même jeans que vous payez maintenant 200$ neuf, à 6$ dans nos magasins. C’est un no-brainer pour tellement de personnes”. 

 

Pour la suite, Omar Itani affiche un optimisme réaliste. “Tandis que la conversion à la mode de seconde main a commencé il y a plus de 30 ans en Occident, elle est en train de se faire en ce moment même au Moyen-Orient”. Il s’attend donc avec assurance, à ce que le volume total des ventes d’habillement (1ère et 2nde mains) au Liban continue à diminuer, mais aussi à ce que la part de ventes de vêtements d’occasion au sein de ce marché continue de s’étendre sans entrave. 

 

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