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Confessions en temps de Corona : Gérard Bejjani

19/03/2020

Professeur Gérard Bejjani, chercheur et directeur de l’Université Pour Tous de l’Université Saint-Joseph, titulaire de la Chaire Senghor de la francophonie, écrivain.

 

Pensez-vous que cette situation va amener à un changement ? et si oui, comment ?

Et comment ! D’abord par une prise de conscience des moments inestimables et du bonheur que nous vivions tous les jours et dont nous ne nous rendions pas compte : avoir le privilège de suivre un enseignement en classe, en direct, en interaction, le privilège de se déplacer, avoir la chance de s’asseoir à côté d’un ami, de partager un repas en groupe, de se serrer la main, de s’embrasser, de s’étreindre. Ensuite par une remise en question de notre boulimie à la consommation du temps, à la vitesse, aux voyages, au matérialisme, aux objets, aux rencontres, pour un retour à l’essentiel, la santé physique et mentale, l’harmonie du foyer et du chez soi. Enfin par une plus grande sensibilisation à notre profanation de la terre, mieux l’approcher, respecter la nature, caresser la mer, regarder le bleu du ciel, planter des arbres, cultiver son jardin. 

 

De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?

Au risque de choquer plus d’un lecteur, le confinement n’est pas une situation nouvelle pour moi. Il s’agit d’une discipline que je me suis imposée depuis longtemps, du vendredi au dimanche généralement, depuis la révélation que j’ai eue en lisant Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ». Par conséquent, mon quotidien n’a pas beaucoup changé par rapport à mes week-ends : des exercices sportifs le matin, des lectures, des préparations de cours, de l’écriture quand j’y arrive, des moments musicaux, et surtout, des lectures de films. Ah si, une nouvelle activité en cette période : les rangements que je reportais toujours, dans les armoires, les tiroirs, les classeurs, les bouquins, l’écran d’ordinateur… La vie belle et ordinaire. 

 

Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Je dirais avec beaucoup d’audace : aimer et faire l’amour. Car je suis séparé de la personne que j’aime. Mais aussi : enseigner, retrouver mon auditoire, la joie sur les visages, la ferveur dans les yeux, la participation du public, et transmettre, transmettre tout ce que je contiens et retiens en moi pour le partager avec la classe. Et enfin : les moments de rire, d’émotion, de communion avec les amis, même si pour moi cela n’avait lieu qu’autour d’un déjeuner tous les quinze jours ou, au mieux, par semaine. Il faut aussi être honnête et dire que la perspective de voyager, de découvrir de nouveaux horizons me manque aussi. 

 

Qu’est-ce qui ne vous manque pas ? 

Les prouesses bancaires pour réclamer son droit le plus légitime. Les embouteillages. Les réunions professionnelles ou les obligations mondaines.

 

Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lecteurs comme :

D’abord si vous le permettez, je n’ai jamais connu l’ennui. Et je me suis demandé comment les gens pouvaient s’ennuyer, étant donné que la journée de 24 heures ne me suffit jamais tant j’ai des désirs en moi. Par conséquent, « tromper l’ennui » est une expression à laquelle je n’adhère pas. Je vais toutefois faire l’exercice que vous me demandez. 

 

LIVRES :

- Stefan Zweig, La Pitié dangereuse

- Romain Gary, La Vie devant soi

- Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude

- Carlos Zafon, L'Ombre du vent

- Mario Vargas Llosa, La Fête au bouc

- Elif Shafak, Soufi mon amour

- Fedor Dostoïevski, L'Idiot

- Murakami, Kafka sur le rivage

- Kawabata, Tristesse et Beauté

 

ŒUVRES MUSICALES :

- Maria Callas, Casta Diva

- Amancio Prada, Cantico Espiritual

- Bach, Mass in B Minor

- Leonard Cohen

- Simon and Garfunkel

 

ET AUSSI : Mettre de l’ordre dans le chaos, sur le plan pratique (rangements à la maison), sur le plan affectif (relations humaines), psychique (les émotions et les pensées).

Exercices physiques : gymnastique suédoise ou marche si l’on peut.

 

Un mot d’encouragement

Tout finit un jour. Et « ça que je trouve merveilleux qu’il ne se passe pas de jour sans quelque mal pour un bien », autrement dit le drame que nous vivons sera certainement bénéfique pour l’humanité et pour la terre, mais nous ne le savons pas encore.

 

Vos projets : 

Création de la chaîne You-Tube 7 pour résumer des œuvres littéraires, mythologiques et filmiques en 7 points.

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