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Bassam Kyrillos : « L’art a une mission sociale et politique »

Art

EXPO
Hatem Lahoud


Dans sa nouvelle exposition, le sculpteur libanais Bassam Kyrillos présente ses dernières créations et pousse toujours plus loin sa réflexion sur le hasard et l'incertitude, en y ajoutant une touche d'espoir. « Multiverses » est à voir à la galerie Mark Hachem jusqu'à ce samedi 16 avril.

A quoi pense Bassam Kyrillos, lorsqu'il entame une nouvelle sculpture ? « Le déclencheur, c'est comme une idée qui vient soudain, qui s’accroche comme étant une vérité emprisonnée qu'il faut libérer », explique-t-il. Depuis une quinzaine d'année maintenant, Bassam Kyrillos cherche cette vérité dans des sculptures d'immeubles balafrés par la guerre ,en aluminium, en bronze ou dans des matériaux industriels. Avant de devenir un artiste contemporain exposé dans le monde entier, de la Chine à la France en passant par les pays du Golf ou les Etats-Unis, il est aussi un artiste conceptuel dont le travail s'inscrit dans une démarche théorique, ou la pensée la science et l'art sont imbriqués : « Toute théorie n’a pas de valeur si elle ne s’applique pas à notre vie. L’art a une mission sociale et politique ». Après des études à l'université de Damas, il se lance dans une thèse soutenue en 2014 sur « le lieu comme existence ». Elle va devenir le manifeste artistique et théorique de sa carrière. L'année suivante, son exposition à Artspace « locating existence » découle directement de son travail théorique.

« Je suis dans une démarche à la fois conceptuelle, artistique, philosophique et théorique. Ça fait longtemps que je fais des recherches dans ce domaine pour essayer de comprendre les conditions de notre existence et les possibilités du contrôle du pouvoir de l'être humain sur son destin. »
En 2017, dans son exposition « Chaos », déjà à la galerie Mark Hachem, il s'est intéressé à la théorie du chaos, souvent rapprochée de « l'effet papillon ». Une théorie qui nous pousse à penser que nous vivons dans un monde d’incertitude, dans lequel à tout moment, il y a la possibilité qu'un détail vienne changer toutes les prédictions faites sur le futur et les certitudes sur le présent. La conclusion de cette théorie, qui est aussi celle de Bassam Kyrillos, c'est que l'on vit dans un monde d’incertitude, gouverné par le hasard.

Dans « Multiverses », visible jusqu'à ce samedi 16 mars, l'artiste approfondi encore un peu plus son propos, et sa recherche de compréhension existentielle en s’intéressant à la théorie kantique des multivers, selon laquelle il existerait une multitude d'univers, dont l'un serait celui où nous vivons. Et chacun de ces mondes serait régi par des lois différentes ; ce que nous pensions être les principes fondamentaux de la nature ne serait donc plus si absolu.« Il y a une étude scientifique qui dit que nous vivons dans un monde d'images holographiques et ces images se réalisent en fonction de nos pensées individuelles. Ces scientifiques définissent l'existence comme un vide à 99%. Le reste n'est qu'un mélange de conscience, de mémoire et d'informations. Dans « Multiverses », des visages qui représentent l'identité, l'esprit et la conscience souvent impassibles surgissent de ses sculptures en aluminium, comme pour rappeler que l'absence de vérité absolue dans un monde d'incertitude n’interdit pas l'espoir.

« La représentation schématique d'un immeuble, c'est une accumulation de lignes verticales et horizontales et de cases qui sont des fenêtres. Cette accumulation je le vois comme une addition d'informations, de data et je l’utilise comme élément de la sculpture pour représenter en même temps l’immeuble, qui est le lieu où on vit et la mémoire. »
 

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