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Chronique d’un Parisien à Beyrouth # 5

Chronique

22/03/2023|Jérôme De Rivoyre

 

4 aout 2020. Beyrouth explose. 

4 aout 2020, Jérôme de Rivoyre est en vacances dans son pays, en France, et la vision d’apocalypse qu’il voit sur les écrans ne lui donne qu’un signal, rejoindre Beyrouth au plus vite. 

Il partage avec les lecteurs de l’Agenda Culturel son expérience sous forme de chronique. Voici son cinquième témoignage.

 

Photo credit @Getty 

J’ai décidé de ne plus être raisonnable


Suite à l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, je suis arrivé il y a maintenant presque trois ans pour aider à la reconstruction de cette ville et d’où finalement je ne suis toujours pas reparti.

J’ai décidé de m’y installer, tombé amoureux de ce pays de gentillesse et de cette ville pleine de contrastes et de libertés, de vivre dans ce chaos organisé où tout est permis, où tout est possible. Celui d’être à cinq sur un scooter, parents et enfants compris, téléphoner au volant le pied appuyé à fond sur l’accélérateur, piloter sa moto sans casque, les écouteurs vissés sur les oreilles, dévalant à tombeau ouvert les rues étroites et pentues de Beyrouth dans un bruit assourdissant de pots d’échappement. Une ville où l’on peut un jour ouvrir une boutique de mode pour la fermer et la remplacer aussitôt par un délicieux restaurant. Une ville où tout vit, tout bouge, tout change, sans cesse.

Mais c’est aussi un monde qui a son côté sombre. Un monde d’impunis. Ici on peut faire disparaître, tuer, assassiner des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, faire exploser un port avec plus de deux cents victimes sans s’attirer les foudres de la Justice. Ici, la gâchette est facile. Attention aux balles perdues. Tout le monde sait très bien qui est responsable de ces malheurs mais par peur de représailles ou plus grave d’un embrasement généralisé personne ne bouge… Le Liban n’est devenu aujourd’hui qu’un bateau ivre sans capitaine qui part lentement mais sûrement à la dérive vers des mers agitées. Mais c’est sans compter sur la résilience des Libanais.

Cela change de nos espaces feutrés occidentaux où tout est aseptisé, arrondis, sans risques, croulants sous les contrats d’assurance, d’interdits en tout genre que nous finissons par accepter comme des moutons que nous sommes devenus, coincés entre nos banquiers et notre désir irrépressible de consommer.

C’est pour cette raison qu’il ne faut pas hésiter à faire de soi une priorité. Partir nous permet de s’écouter et vivre en accord avec soi-même et ceci ne devrait pas être un projet que l’on remet à demain. Il nous faut réellement se poser la question de ce qui est important : subir ou prendre le risque de vivre ?

Insha’llah !

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