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FARID HADDAD, POUR L’ÂGE DU LIBAN

Art

Du 12/01/2023 à 18:00 jusqu'au 15/04/2023 à 18:00

La galerie Sfeir-Semler présente Farid Haddad : Pour l’âge du Liban, la première exposition personnelle de l’artiste à Beyrouth depuis plus de quarante ans. L’exposition retrace l’œuvre picturale de Haddad au cours des cinquante dernières années de sa pratique artistique entre le Liban et les États-Unis, et présente une collection unique d’œuvres du début des années 1970, montrées ici pour la première fois.

 

Farid Haddad est un artiste libano-américain qui a grandi au Liban durant les années précédant la guerre civile, à un moment crucial dans l’histoire du modernisme libanais et arabe. Cette exposition envisage l’œuvre de Haddad comme un chapitre essentiel de l’histoire de l’abstraction et du minimalisme dans la région. Pour l’âge du Liban couvre les premières œuvres de l’artiste, produites entre 1971 et 1977, ainsi que ses œuvres les plus récentes, datant des années 2017 à 2022.

 

L’exposition tient son nom de l’œuvre de peinture-collage (en neuf parties) : Où veux-tu que je m’en aille ? (pour l’âge du Liban) (2018-2019). Les collages de Haddad sont l’apogée de son exploration constante de l’abstraction et de sa conversation soutenue avec la couleur et les formes. Au fil des années, il a développé un processus strict de composition picturale qui prend forme à travers une préparation considérable. Chaque collage commence par une peinture fondamentale utilisant l’acrylique, l’huile, la gouache, l’aquarelle et le graphite, entre autres matériaux. Les peintures constituent la base d’une technique de découpage et de collage au pochoir. Des fragments de peinture de formes diverses sont soigneusement réassemblés en une totalité nouvelle. Les compositions elles-mêmes deviennent une mesure du temps, chacune prenant jusqu’à plusieurs mois pour être achevée. 

 

Les collages forment ainsi un portail temporel fascinant. Chaque œuvre est un index de signes uniques – formes, couleurs, gestes – qui ont connu un développement cumulatif au fil de la pratique de Haddad. La grammaire des formes irrégulières, arcs, zigzags, témoigne d’un amalgame frappant entre la mémoire et la sensibilité géométrique. Interrogé sur sa technique, Haddad affirmera : « Je n’ai pas de formule, je n’ai pas d’histoire ». Il émane de son œuvre une certaine qualité du ressenti, d’une situation, d’un paysage, d’un sujet ou d’une perception du temps. 

 

L’année précédant sa résidence de 1972 dans la ville de New York en tant que boursier étranger FullbrightHays, Haddad produit la Summer Series : des dessins audacieux et expressionnistes à la gouache et au crayon. Des coups de pinceau rudes et des champs dynamiques assurent des œuvres tumultueuses et émotionnellement chargées. Ces expérimentations lyriques de l’abstraction sont d’abord exposées à la galerie Sultan au Koweït en 1972, où elles sont considérées comme œuvres d’avant-garde.

 

L’énergie vitale de la Summer Series éclate dans les œuvres de Haddad de 1972, toutes montrées ici pour la première fois. Des sélections de plusieurs séries de dessins (au graphite, à la gouache, au crayon) et des lithographies préfigurent ses travaux ultérieurs sur la couleur et l’abstraction géométrique. Si ces premières œuvres témoignent de son intérêt pour le minimalisme et le constructivisme, elles révèlent également qu’il compte avec le sentiment politique au Liban et dans le monde arabe à cette époque, comme l’expriment les titres de ses œuvres : LIBÉRATION, OPPOSITION, DRAPEAU, AFFILIATION, ... Les mots sont apposés typographiquement au pochoir, et sont combinés avec des symboles, par exemple un drapeau français, un carré noir, et un rendu brut à la gouache et au graphite. Les dessins lithographiques sont en continuation de la série précédente - une estampe est simplement intitulée : DEFEAT. Les dessins prennent une tournure plus dadaïste Rimant avec la composition de DEFEAT, l’on trouve Bag, Ball et Stopping at One (tous de 1972).

 

Des éléments de la composition émigrent des dessins vers les peintures « transitionnelles », à grande échelle, de champs de couleur (toutes Sans titre, 1977). Les éléments comprennent les horizons qui divisent la toile : lignes, grilles, triangles. Peints avec érudition, les champs de dégradés de couleur ne sont pas sans rappeler l’Op Art, mais aussi le coup de pinceau impressionniste. Les œuvres sont structurelles : couleurs et formes sont manipulées avec une extrême précision. La sensibilité de Haddad pour la couleur et la composition confère à ses œuvres une qualité poétique inégalée. L’éclat de l’œuvre réside dans l’expérience du spectateur, dans le défi qu’elle lance à sa perception et à sa perspective.
Sarah Rifky

Un mot d’Andrée Sfeir-Semler

Farid Haddad a été mon tout premier professeur d’art quand j’étais encore à l’école. J’assistais à ses cours dans un petit espace consacré à l’art près du café Horseshoe sur la rue Hamra à Beyrouth en 1969-1970. Son approche minimaliste de l’art a eu une influence majeure sur moi. Nos chemins se sont croisés par hasard récemment lors d’une conférence zoom au début de la pandémie, au printemps 2020. Je suis très fière de présenter le travail de Farid dans notre espace à Beyrouth. Je voudrais remercier Sarah Rifky pour son déplacement à Concord où l’artiste vit aujourd’hui, et pour sa sélection des œuvres que nous exposons.
 

Farid Haddad in his studio, 2018. ©Photograph by Wen-ti Tsen.
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