RENCONTRES ORIENT OCCIDENT (ROO-MERCIER)
FestivalsDu 01/10/2025 à 14:00 jusqu'au 11/10/2025 à 22:00
Participation des auteurs libanais Noha Baz, Sabyl Ghossoub et Joumana Haddad
L’année écoulée a été marquée par de nombreux conflits qui vont de l’Ukraine à Gaza en passant par le Soudan sans oublier l’emprise de gangs et de mafieux qui, en exploitant le désespoir de populations, plongent des millions de personnes dans un climat de guerre. Ces guerres n’ont pas les mêmes causes et ne sont pas traitées de la même façon. Mais ces théâtres d’affrontements nous renvoient tous à l’insupportable, creusent tous les jours un peu plus le fossé entre les sociétés et les pouvoirs et surtout démontrent notre impuissance. Impuissance en raison d’une indifférence ou d’une perte d’humanité?
Dans le cas de Gaza, le processus d’invisibilisation des Palestiniens patiemment mis en œuvre depuis des années par Israël a conduit à une déshumanisation de cette population. Pour Hegel, l’humanisme c’est tout simplement être reconnu par autrui ce qui rejoint ce que disait Nelson Mandela: priver les gens de leurs droits fondamentaux revient à contester leur humanité même. Il s’agit donc de poser cette évidence même si elle est contestée par ceux qui n’envisagent les relations qu’à travers un rapport de force en écrasant l’autre. L’objet n’est pas ici de refaire l’histoire de ce conflit mais de montrer du doigt ce point et d’en évaluer les conséquences sur les liens entre l’Orient et l’Occident, liens malmenés par cette terrible actualité. Plus que jamais nous devons maintenir le dialogue alors que l’incompréhension ne cesse de croître pour lutter contre cette déshumanisation.
Que pense un jeune Gazaoui qui vit sous les bombes depuis près de deux ans sans aucune perspective face à l’immobilisme de la communauté internationale qui condamne la violence qui s’abat sur lui sans agir pour la faire cesser? Comment pourrons-nous regarder cette société martyrisée lorsque les combats finiront par s’arrêter? Il ne s’agit en aucun cas de sombrer dans le pessimisme mais de tenter de dessiner des voies de dialogue pour préparer l’avenir et c’est l’objet de ces rencontres qui inlassablement rassemblent des acteurs qui continuent à croire dans les vertus des échanges sans occulter pour autant les réalités. Les personnes engagées continuent chacune dans leur domaine, littérature, poésie, musique mais aussi politique ou social d’avancer pour que les ponts ne s’effondrent pas. Je ne parlerai pas des voix pour la paix tant cette expression a été galvaudée et parfois vidée de son sens mais plutôt d’acteurs qui croient en l’humanité à un moment où le monde en est dénué. Je fais mienne cette citation du grand poète palestinien Mahmoud Darwich tirée de son recueil La terre nous est étroite et autres poèmes (2000): «La guerre: elle démolit notre pièce de théâtre pour nous contraindre à jouer sans textes ou dialogues», charge à nous d’inventer un nouveau texte, un nouveau dialogue pour sortir du tunnel dans lequel nous nous trouvons.
Non pas qu’il faille penser que la guerre à Gaza est une pièce de théâtre, mais à travers cette métaphore trouver ou retrouver par les mots, et en faisant taire les armes le chemin de l’humanité. AGNÈS LEVALLOIS Vice-présidente de l’iReMMO AGNÈS LEVALLOIS est vice-présidente de l’iReMMO (Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient). Consultante spécialiste du Moyen-Orient et chargée de cours à Sciences Po Paris, elle est membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée, après avoir été responsable du bureau monde arabe et persan à la Délégation aux affaires stratégiques au ministère de la Défense.
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LieuChâteau Mercier, Sierre, Switzerland
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