ArticlesEvénements
Aujourd'huiCette semaineCe weekend

Pour ne rien manquer de l'actualité culturelle, abonnez-vous à notre newsletter

thumbnail-0

Retour

Partager sur

MARWAN RECHMAOUI, CHASING THE SUN

Art

Du 13/03/2024 à 18:00 jusqu'au 27/07/2024 à 18:00

Marwan Rechmaoui est un sculpteur conceptuel qui travaille principalement le béton, le métal, le caoutchouc et la cire. Dans ce nouvel ensemble d’œuvres, il examine les rues de Beyrouth à travers le prisme de l'enfance. En remontant le fil de ses souvenirs, il suscite de nombreuses questions autour de l'impact du jeu et des jouets sur la construction sociale. 

 

Cette réflexion remonte pour Rechmaoui aux années 1990, à un moment où il consigne consciencieusement dans l’un de ses carnets de croquis les jeux de sa jeunesse. Recréant ses anciens divertissements, il présente ici un ensemble de billes, un cerf-volant, un dessin de marelle reproduit avec des pastels sur du béton, ou un bac à sable avec un couteau de lancer. Le côté ludique et innocent de ces installations est souligné par les œuvres accrochées aux murs : des représentations poétiques de pins, de coquelicots, de barbe à papa, de bâtonnets de glace ou de nuages passagés, réalisées avec de la cire d'abeille mélangée à des pigments de couleur et coulée dans du béton.

 

Sous les dehors d’une atmosphère joyeuse, les installations de Rechmaoui portent en elles un commentaire social plus sombre, inspiré de l'essai de Roland Barthes dans lequel l'auteur soutient que les jouets sont essentiellement un microcosme du monde adulte. En d'autres termes, les jeux de l'enfance façonnent l'identité adulte. L’artiste revient ici sur ses propres années formatives : pensant aller à la recherche de moments de joie innocente, il finit par établir une corrélation entre la guerre et le jeu. Ses nouvelles œuvres représentent des jeux qui portent en eux d’inhérentes graines de violence et dont le but ultime est de désigner des gagnants et des perdants. Il s'agit donc en réalité d’une forme de mise à mort symbolique de ces derniers. 

 

Au niveau de leurs mondes miniatures, les enfants adhèrent également à des hiérarchies sociales strictes lors de ces activités. La possession d'un jouet convoité (une balle, un vélo, ou même la chambre à air d'un pneu utilisée pour flotter sur l'eau) place son propriétaire au sommet de l'ordre social. Ceux qui font preuve de vitesse, de force ou d’intelligence exceptionnelles grimpent également dans la hiérarchie. Cette culture de la compétition ancrée dans les expériences de l'enfance persiste aujourd'hui, malgré l'évolution des jeux à l'ère numérique, et se traduit encore par des mondes adultes largement stratifiées. 

 

Au-dessus de ces petits mondes reconstitués, l'ombre d'Icare plane dans l’espace de la galerie, symbolisée par un soleil jaune citron en cire et béton. Cette référence à l’homme-oiseau légendaire évoque la tentative audacieuse de l'homme de s'élever vers le ciel, un geste symbolique de l'aspiration humaine à l'exploration, si naturelle à l’enfance, mais aussi une mise en garde contre les limites de notre ambition et la fragilité de nos créations. 

 

Bien que les jouets de son enfance reproduits ici aient souvent été confectionnés à partir d’objets récupérés, le terrain de jeu de Marwan Rechmaoui communique dans un langage universel. Un langage qui transcende les matériaux, et permet aux enfants, d'où qu’ils viennent, de communiquer et de se comprendre mutuellement. À travers l’innocence du jeu, les dynamiques de pouvoir acquièrent une tout autre dimension, résultant de l’analyse des intersections entre la candeur de l´enfance et la complexité sociétale. 

 

---

Marwan Rechmaoui (né en 1964 à Beyrouth, Liban) a étudié la sculpture et la peinture à Boston et à New York entre 1987 et 1993.Sa plus récente exposition personnelle a été présentée en 2019 à la Sharjah Art Foundation et au Bonnefantenmuseum de Maastricht. Son travail a été présenté dans des expositions au Liban et à l'étranger, notamment au MoMA, New York (2022), Villa Empain, Bruxelles (2020), Darat al Funun, Amman (2018) ; Ashkal Alwan, Devoirs 7 ; Beyrouth (2015) ; Biennale d'Istanbul 13 (2015) ; Here & Elsewhere, New Museum, New York (2014), Biennale de Sharjah (2013 et 2015) ; Serpentine Gallery, Londres, Royaume-Uni (2012) ; Galerie Saatchi, Londres (2009) ; Zentrum Paul Klee, Berne, Suisse (2009) ; Musée d'art contemporain de Nîmes, France (2008) ; et Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, Belgique (2008). Il est lauréat du Prix Bonnefantenmuseum d'art contemporain 2019. Ses œuvres font partie des collections du MoMA, New York ; Tate Modern, Londres ; Centre Pompidou, Paris ; Guggenheim Abou Dhabi ; Sharjah Art Foundation ; parmi d'autres grandes collections privées et publiques. 

 

 

Gallery Image 1
Gallery Image 2
Gallery Image 3
Gallery Image 4
Gallery Image 5
thumbnail-0

ÉVÉNEMENTS SIMILAIRES

Depuis 1994, l’Agenda Culturel est la source d’information culturelle au Liban.

© 2024 Agenda Culturel. Tous droits réservés.

Conçu et développé parN IDEA

robert matta logo