Lorsqu’on perd Ziad Rahbani, il ne nous reste plus grand-chose
Il y a un seul Ziad, une seule Feyrouz
Dans notre Histoire...
Étrangement, ce n’est que 2 jours après sa mort, que je réalise le poids de sa perte.
Tout à coup qu’il ne nous reste plus rien de la conscience.
Ziad était la conscience du Liban.
Des inconscients que nous sommes.
Il disait les choses comme elles sont.
Il les dénudait et nous réveillait à notre vraie réalité.
Car la vérité chez nous ressemble à une pute barbouillée de fard.
Ses chantres sont des menteurs.
Des charlatans qui vendent des fausses vérités.
Ils sont nombreux, pas besoin de les nommer.
Lorsqu’on a perdu Ziad, on devient orphelins de vérité, d’authenticité, et d’art.
On nage encore plus loin dans l’océan du n’importe quoi.
La mort de Ziad c’est l’horloge de notre grande maison qui s’est arrêtée.
Qui d’autre nous dira tout ce qu’il nous a dit, tous ces jours et toutes ces années ?
Les politiciens font son éloge ; ils tuent le mort et marchent dans son cortège, comme l’exprime judicieusement notre dicton.
Il nous reste Feyrouz, dont le silence est aussi violent que les paroles de Ziad.
Elle et lui sont les deux rochers de notre conscience collective.
Nous sommes orphelins lorsque Ziad est parti.
Qui prendra la relève ?
Qui nous dira désormais nos quatre vérités en face, comme des claques sur le visage qui exposent l’hypocrisie, le mensonge, la frime et l’inconscience d’un peuple.
Qui d’autre nous jouera les onctueuses notes de piano qui coupent le souffle, nous inventera les paroles qui nous éclatent, les chansons et la musique qui crèvent l'espace comme les sculptures de Michel-Ange ?
Ziad était un luxe que nous avions pris pour acquis.
Ziad est parti.
Le Liban est orphelin.